Il y a tant à dire sur Mavis Staples. Avec son mètre cinquante-trois, c’est un petit bout de femme à l’envergure impressionnante et à la voix d’or. C’est une trajectoire hors du commun, l’engagement d’une vie pour les droits civiques et une carrière musicale de plus de 60 ans aux côtés des plus grands artistes de la planète sans jamais s’essouffler.
La voix profonde, rauque et pleine de vie, Mavis Staples réveille en nous des émotions enfouies et donne de l’énergie comme personne. Et lorsqu’elle chante sa soul ou son gospel, tout en vibes, on dirait que Dieu lui-même s’arrête un instant pour l’écouter. Celle qui a commencé aux côtés de son père et de ses sœurs a fait du chemin. En s’émancipant de sa famille, elle a collaboré avec les plus grands producteurs et artistes de ce monde. Prince, Curtis Mayfield, Ry Cooder et même Bob Dylan, dont elle s’est payée le luxe de refuser la demande en mariage, pas impressionnée par la renommée du chanteur.
Parce que oui, depuis ses débuts et encore plus en prenant de l’âge, la chanteuse sait ce qu’elle veut. Dans la pure tradition soul, chanter l’Amour et l’espoir, encore et encore, voilà sa mission. Il faut dire qu’elle a appris du meilleur : Martin Luther King était son ami et l’a faite grandir sur le chemin de la défense des droits civiques aux États-Unis. Le combat d’une vie pour la chanteuse qui ouvrait les meetings du Docteur avec son répertoire de freedom songs, pour donner du soutien à la population noire, alors en lutte contre la ségrégation raciale.
Et si cette dernière est heureusement tombée, la bataille ne s’est pas arrêtée pour l’infatigable activiste. Après son immense succès dans les années 60 et 70, elle a retrouvé un second souffle dans les années 2000, livrant récemment un de ses meilleurs albums, rempli de protest songs sur le sort réservé aux afro-américains dans l’Amérique de Trump.
Au début des années 60, toute la famille Staples assiste à l’office de Martin Luther King. Déjà engagés dans la défense des droits civiques, le coup de foudre est immédiat entre les Staples Singers et le pasteur. A partir de là, le groupe de gospel qui tire déjà sur la soul et le funk l’accompagnera, ouvrant ses meetings avec les freedoms songs dont ils ont le secret, dont la très connue Respect Yourself. Un engagement qui forgera Mavis Staples et qu’elle conservera tout au long de sa carrière.
Un an après la mort de celui qui était devenu son ami, Mavis Staples, le cœur brisé, décide de se lancer en solo. En 1970, son album bouleversant Only for the Lonely et son titre-phare, Live without You exorcise son traumatisme. Elle qui était déjà la chanteuse-phare du groupe formé avec son père, le guitariste Pops, et sa fratrie, connaît un succès immédiat.
La chanteuse enchaîne les albums au fur et à mesure qu’elle prend de l’âge, récoltant plus ou moins de reconnaissance artistique selon les époques qu’elle traverse. Mais les années 2000 la révèleront de nouveau à travers les somptueux albums We Never Turn Back (2007), qui réinvente les classiques du gospel ou One True Vine (2013), encensé par la critique. Loin des expérimentations disco ou rock, elle revient alors à ses origines et aux protests songs qui lui sont chères.
En 2019, deux ans après la pépite If All I Was Was Black, c’est Ben Harper, avec qui Mavis Staples avait déjà collaboré en 2016 qui produit son dernier album We Get By. Il lui apporte un ton militant et plein d’espoir qui sied à merveille à la chanteuse dans une Amérique qui se retrouve encore une fois déchirée par un président que l’artiste ne porte pas vraiment dans son cœur. A plus de 80 ans, cette dernière n’a certainement pas fini de s’engager !
Mavis Staples est un monument de la soul américaine autant qu’une figure de proue des droits civiques, qu’elle a défendus aux côtés de Martin Luther King. Nous sommes particulièrement honorés d’accompagner cette légende à la voix chaleureuse. Avec plus de 60 ans de carrière derrière elle, elle déborde encore d’énergie et de joie quand elle monte sur scène. Une grande dame qui fait du bien !
Marthin Luther King était son guide. De sa voix d’or, elle chante depuis des décennies l’infortune des Noirs américains avec une rage et une énergie intactes. La grande dame de la soul livre un album sublime, écrit et produit par Ben Harper.
Croire à l'impossible, ne jamais se prendre trop au sérieux ni démordre que le meilleur reste à venir, après tout elle l'a fait toute sa vie. Chanteuse, "messagère" de l'espoir au défi des réalités les plus crues, cela a toujours été la mission de cette vocaliste d'exception, "l'incarnation de la soul", selon les mots de Prince.
Superbe concert ! Un petit bout de femme qui envoie vraiment du lourd, et encore plus quand on connaît son histoire et ses engagements. Le rythme est millimétré et Mavis Staples, malgré son âge, n’a rien perdu de sa puissance vocale et de son énergie. Je suis vraiment contente d’avoir assisté à ce grand moment de soul, bien trop rare en France !
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