Frank Turner a déjà eu plusieurs vies. Qui aurait cru que ce fils de banquier, petit-fils de Sir né à Barheïn et côtoyant le prince William au prestigieux collège Eton, finirait par prendre la route pour jouer un folk teinté de nostalgie ? Personne n’aurait mis une pièce sur cette trajectoire et pourtant, c’est bien à la musique que le jeune Frank s’est accroché.
L’âme rebelle, la rage au ventre et les cheveux au vent, il a commencé sa carrière avec Million Dead, groupe de post-hardcore aux sonorités explosives. Voix criarde sur fond de guitares saturées, ils ont connu une petite notoriété avant d’exploser en vol, chaque accord étant devenu source de conflit. C’est le moment qu’a choisi Frank Turner pour débrancher l’électricité. Ne lui restait alors que ses six cordes et la volonté d’assagir sa musique.
Pas de retour aux sources pour lui, il découvre presque le folk en même temps qu’il l’écrit. Teintés de rock et de punk, ses albums aux accents mélancoliques sont la preuve que le style se réinvente, loin de l’image des chanteurs américains portant santiags et vestons en cuir. Mais ce que Turner n’abandonne pas, fidèle à ses valeurs et à la rage de ses débuts, c’est sa force de protestation, sa volonté d’être le témoin d’une époque qui change. Entre folk sensible et rock ravageur, il évoque la solitude de l’artiste, la paupérisation de l’Angleterre, le mal du pays et le besoin de s’évader.
Toujours sur le fil, ses chansons donnent instantanément envie de le suivre sur la route qu’il affectionne comme une vieille camarade dont on ne se défait pas. Avec plus de 2000 concerts, il reconnaît lui-même : « il y a un conflit non résolu entre mon mal du pays et ma soif de voyages […] Je suis très content quand je rentre, et une semaine plus tard j’ai envie de reprendre la route ». Ce qui est certain, c’est que nous allons entendre encore pour longtemps ses titres revendicatifs et ses refrains que certains se tatouent sur la peau.
Après cinq ans passés avec le groupe Million Dead, le groupe se sépare avec fracas et Frank Turner part seul, guitare en bandoulière. Il jouait déjà du folk en side project et décide de se lancer à temps plein. Il sort l’année suivante, en 2007, son premier album, Sleep is for the Week, accueilli très positivement par les critiques qui ne l’attendaient pas forcément dans ce genre.
L’artiste enchaîne les albums et les concerts pour porter son folk que l’on se ne se lasse pas d’écouter aux quatre coins de la planète. Il sort en 2011 le très bon England Keep my Bones, un album qui le « voit atteindre le sommet de son art » selon les Inrocks et qui se classera 12ème en Grande-Bretagne lors de sa sortie. L’année suivante, l’artiste est consacré. Il se produit lors de la pré-cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Londres.
L’artiste prend la route pour l’Afrique, mais cette fois, ce n’est pas pour une série de concerts. Avec une conscience aigüe du monde qui l’entoure, il part avec la fondation Joe Strummer pour collecter des fonds afin d’ouvrir un studio de musique à Freetown et d’encourager les jeunes à se tourner vers cet art dans un pays où 50 000 d’entre eux vivent dans la rue. Il enregistra d’ailleurs certains titres là-bas.
Deux ans plus tard, on retrouve cet engagement militant sous la forme d’un album-concept, No Man’s Land. Il raconte en chanson les femmes célèbres de l’histoire, chaque titre étant accolé à un podcast. Pour le premier, il accueille Emily Barker pour évoquer le parcours de Sœur Rosetta Tharpe qui a fortement influencé la musique rock.
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