Il est certainement un des meilleurs guitaristes de blues-rock de ces quarante dernières années et sans doute un des derniers à savoir faire vibrer sa guitare avec autant de passion et précision.
Il faut dire que Walter Trout a gagné de l’expérience en accompagnant les plus grands. Il a été membre des Bluesbreakers de John Mayall (succédant, pour rappel, à Eric Clapton, Peter Green ou Mick Taylor) puis de Canned Heat et a enfin accompagné John Lee Hooker et Joe Tex. Depuis 1989, il mène avec brio une carrière solo (avec son Walter Trout Band) qui fait le pari de signer des titres forts et contemporains tout en restant profondément attaché à la tradition blues et boogie qui lui tient à cœur. Et il compte déjà à son actif une bonne vingtaine de disques ! Quant à la scène, il a pu démontrer sa virtuosité sur les scènes du monde entier ou dans des festivals renommés comme le Pinkpop aux Pays-Bas ou le Mydtfins Festival au Danemark.
Véritable virtuose sur scène, il peut compter sur une solide base de fans, qui a d’ailleurs fondé dans les années 1990 l’Official Walter Trout Fan Club. Il a d’ailleurs pu compter sur le soutien infaillible de ses fans lorsqu’il connut des problèmes de santé à partir de 2013 (insuffisance hépatique). Il subira par la suite une greffe du foie. Ce soutien des fans a poussé Walter Trout à continuer de tourner et enregistrer. Il publiera également son autobiographie, nommée « Rescued from Reality », où il relate cette greffe qui lui a sauvé la vie.
Miraculé, Walter Trout demeure encore et toujours dynamique et productif. Comme beaucoup de musiciens, il n’a qu’une hâte : remonter sur scène. Il confiait d’ailleurs récemment au magazine Classic Rock : « Parfois vous devez passer à travers le néant pour trouver la lumière. Je suis si impatient de retourner sur la route, rencontrer les gens aux concerts, leur faire des câlins et poser pour une photo avec eux. Et bien sûr, je suis très impatient de jouer mes chansons en live”. Nous avons aussi hâte que lui !
Si le succès n’avait pas lâché Walter Trout d’une semelle, il officiait surtout en Europe du Nord et aux Pays-Bas. Mais en 1998, le guitariste veut changer la donne et sort aux États-Unis un premier album éponyme sous le nom légèrement rebelle, Walter Trout and the Radicals. Et ça marche ! Dans les années qui suivent, le bluesman devient prolifique, à raison d’un à deux disques par an, enchaînant les tournées mondiales et comblant un public toujours plus avide de son groove positif.
Têtu Walter Trout ? Peut-être un peu ! Quand on lui annonce qu’il est atteint par une cirrhose du foie, il envoie valdinguer les médecins pour continuer de faire ce qu’il aime par-dessus tout : jouer devant son public. Ce n’est que quand une greffe devient vitale qu’il accepte de s’arrêter pour subir cette opération risquée, qui le laissera cloué à son lit d’hôpital pendant 8 mois. Mais le bluesman en a vu d’autres. Il réapprend à marcher, à parler, à chanter et surtout, à jouer de la guitare comme si rien n’était jamais arrivé. Et bien sûr, il repart en tournée.
Juste avant le Covid, Walter Trout avait livré une merveille de blues introspectif avec Ordinary Madness avant d’être stoppé dans son élan. Juste après la pandémie, il revient avec Ride, un petit bijou de blues et une nouvelle preuve, s’il en fallait une, de sa capacité à sublimer les épreuves pour en faire des titres remplis d’espérance et de courage. Un album fait de « ce que je vivais mentalement et émotionnellement », raconte ce maestro qui n’avait qu’une hâte : « retourner sur la route, rencontrer les gens aux concerts, leur faire des câlins et poser pour une photo avec eux ».