Étincelle d’un jazz à la fumée pop, Norah Jones est une diva qui noircit délicatement nos cœurs et illumine d’une douceur apparente notre quotidien routinier. Elle mélange les couleurs, accouple les formes : de demoiselle, elle est devenue, c’est une évidence, une grande dame de la musique.
Norah Jones aime brouiller les pistes. Elle épouse le jazz, corrompt la pop et séduit d’un clin d’œil sensuel la country de son enfance. Ici, pas de courbettes ou d’acrobaties à la Miles Davis. La déesse d’Amérique, fille de Ravi Shankar, maître indien du sitar, explore le monde à sa manière, avec une simplicité troublante. Sa nonchalance étourdit la mélancolie, sa voix de velours éclipse sa timidité et sa popularité déjoue une personnalité discrète. Ses paradoxes font sa force, son audace ancre sa différence.
Elle est comme ça, Norah Jones. Elle chante en clair-obscur et tord les ombres de la société moderne pour en faire des chansons calmes, subtiles et suaves. Son plaisir secret : aborder, avec poésie, sobriété et mille nuances, des sujets graves. Telle une funambule du jazz, la Diva de Manhattan, dont peu aurait prédit un succès aussi soudain, évolue toujours en équilibre précaire, sans filet, entre ballades douces et titres plus rythmés.
Car Norah Jones touche à tout, passant d’une émotion à l’autre à sa guise et faisant des infidélités à son piano, à qui elle préfère parfois sa guitare. Sereine et indomptable, elle balance ainsi sa voix de gauche à droite, du nord au sud, pour entraîner ses mélodies vers de nouveaux horizons. Admiratrice de Neil Young et de Willie Nelson, la virtuose américaine n’a en effet de cesse d’évoluer là où personne ne l’attend, avec fougue et détermination. Ce n’est donc plus à prouver : Norah Jones a la maturité des grandes dames, et l’énergie brute des jeunes femmes libres de ce monde. Le cocktail vaut le détour !
Personne ne l’attendait là, et surtout pas Blue Note, sa maison de disque. Au printemps, la jeune chanteuse américaine, âgée de 22 ans, présente son premier album, Come Away With Me. Le succès est aussi énorme qu’inespéré. Norah Jones rafle 5 Grammy Awards et enflamme les charts. Une popularité soudaine que l’artiste a parfois du mal à gérer : « au bout de quelques jours, elle a même appelé Bruce Lundvall, le patron de son label, pour savoir s’il était possible de stopper les ventes », dit-on.
Bien sûr, cette année-là, personne n’espère rééditer l’exploit du premier album, avec un succès aussi retentissant. Pour autant, Fells like Home, son deuxième disque, est particulièrement bien reçu. Norah Jones confirme l’ampleur de son talent et s’inscrit, pour de bon, comme une icône du jazz contemporain.
C’est la deuxième passion de Norah Jones : le cinéma. Pour la première fois, l’artiste américaine apparaît dans un film, My Blueberry Night. Le réalisateur chinois Wong Kar-Way lui fait confiance pour partager l’affiche avec Jude Law et Natalie Portman, rien que ça !
Après plusieurs disques surprenants, Norah Jones revient à la recette qui a fait son succès, avec un jazz radio compatible, capable de séduire les amoureux de jazz comme les aficionados de la pop. La presse salut le geste, le public aussi. Mais tout le monde le sait : Norah Jones est indomptable, et retournera probablement vers des contrées inattendues dès que l’occasion se présentera.
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