Megadeth, un nom aussi mythique que son histoire est mouvementée. Une naissance dans la haine et les larmes pour ce groupe qui a quasiment inventé le trash metal. Un leader aussi charismatique que détestable, un temps dealer de drogue, mais au doigté et à la créativité presque divine. Des changements de line-up et des drames à foison. Et finalement, un Dieu rédempteur, une renaissance inespérée et un retour aux sources salvateurs. Un groupe à l’histoire trépidante, dont les membres touchent régulièrement le fond, mais dont la musique a marqué l’histoire.
Parce qu’avec une technique digne d’un guitar hero du metal, Dave Mustaine, éjecté des rangs de Metallica mais revanchard comme jamais, livre des riffs et des solos dont la précision n’enlève absolument rien à la rapidité. Au chant aussi, son style est distinctif, incisif, presque agressif. Une virtuosité que viennent souligner des lignes de basse accélérées et une batterie tellement entraînante qu’elle semble martelée par Thor lui-même.
Et dans les paroles, ça touche forcément les âmes. Jamais avare de discours sur les grands sujets politiques et sociaux de ce monde, Dave Mustaine aborde tous les tabous et n’hésite pas à livrer les tourments de son esprit torturé. Dépendance, aliénation, perte de repères, il faut dire qu’il a eu son lot d’expériences sombres et marquantes. Mais en talentueux poète, il brille par l’intelligence complexe et la touche d’ironie qu’il apporte toujours sur ces propos sensibles.
Résultat : des galettes qui, sortie après sortie, inspirent tout le petit monde du metal. Malgré la personnalité débordante de son leader, malgré les départs fracassants et les arrivées régulières, Megadeth se place parmi le top 4 du trash metal, avec plus de 38 millions d’albums vendus, 12 nominations aux Grammy et cinq albums de platine consécutifs. Et même, s’il est impensable de donner un classement définitif, ils sont de ces légendes qui trônent aux côtés de Metallica, Slayer et Anthrax.
Coup de tonnerre dans le monde du metal, en 1983, Metallica met à la porte son guitariste soliste historique, le génial Dave Mustaine. En cause, des problèmes de drogue et une incompatibilité de plus en plus marquée avec les autres membres. Il ne jouera donc jamais le célèbre Kill’Em All auquel il a pourtant contribué et décide de créer son propre band avec une seule idée en tête, prendre sa revanche. Il le dira lui-même « Une seule chose m'obsédait : je voulais du sang… le leur ». Et c’est dans cette rage obsédante que naît Megadeth dont les musiciens tourneront au gré des humeurs de son leader, même si on peut noter la relative stabilité du bassiste David Ellefson.
Après un premier album auto-produit, Megadeth signe chez une major pour sortir le très bon Peace Sells… But Who’s Buying ? qui se vendra à plus d’un million d’exemplaires. Mais c’est en 1990, avec l’arrivée du soliste Marty Friedman que le groupe va complètement entrer dans la légende. Leur troisième album, Rust in Peace, est considéré comme l’un des plus grands albums de trash. Et deux ans plus tard, ils signent leur plus gros succès commercial avec l’excellent Countdown to Extinction, qui marque un tournant plus mélodieux dans l’histoire du groupe et se vendra à plus de deux millions d’exemplaires.
Pour une fois, ce n’est pas une affaire d’addiction ou d’outrage qui contraint Mustaine à s’arrêter de jouer mais une blessure au bras. Une pause de près de deux ans où le groupe ne produira plus rien, sans annoncer pour autant sa séparation. Et comme à son habitude, le théâtral leader annonce son retour avec une toute nouvelle line-up. L’ancien junkie semble cette fois s’être libéré de ses démons pour se tourner vers Dieu. Sa musique, elle, revient au trash virulent des débuts avec The System Has Failed, pour la plus grande joie des fans de la première heure.
Le groupe, dont la renommée n’est plus à faire, parcourt le globe dans tous les sens, tournant régulièrement avec Slayer quand il ne joue pas aux côtés des Big 4, les relations avec Metallica semblant s’être finalement apaisées. En 2010, Davis Ellefson qui n’avait pas repris avec le groupe en 2004, fait son retour pour le meilleur puisqu’en 2011 sort une bombe de trash mélodique avec le monumental Th1rt3en. En 2017, le groupe rafle enfin un Grammy Awards pour la meilleure performance metal avec son titre Dystopia, l’album du même nom se classant troisième au Billboard.
Si les changements de line-up continuent, le talent reste, tout comme David Mustaine qui après plus de 40 ans de carrière porte encore haut les couleurs du metal. Après l’addiction, son accident au bras, c’est un cancer de la gorge qu’il balaye d’un revers de main pour sortir le seizième album de Megadeth, The Sick, The Dying… and the Dead ! Malade peut-être mais mort, hors de question. Parce que celui qui a défié la grande faucheuse à maintes reprises ne compte certainement pas s’arrêter en si bon chemin !