C’est une tornade italienne qui est en train de secouer et de donner une nouvelle jeunesse au monde du rock.
De Iggy Pop à Miley Cyrus, tout le monde veut participer à ce nouvel élan et secouer la tête sur les rythmes endiablés de ce groupe à l’énergie débordante. Voix rauque, charisme à renverser les foules, basse, batterie et guitare percutantes, c’est une onde de choc et une vague de fraîcheur dans un genre musical qui renaît de ses cendres toutes les décennies. Et l’intelligence de Måneskin, c’est de jouer du rock en n’oubliant jamais qu’en pleine hégémonie du rap, ils parlent à un public plus large. Le résultat, terriblement accrocheur et dansant, dans lequel on retrouve même quelques notes funk ou reggae, captive toutes les sensibilités sans jamais trahir les influences hard et glam du groupe.
Mais leur notoriété grandissante, c’est certainement aussi à leur look, à leur présence médiatique et scénique qu’ils la doivent. Chez Måneskin la sensualité est omniprésente, cuir, paillettes, crop top, maquillage, le groupe souffle un vent de liberté et s’engage contre l’homophobie. En public comme dans leurs textes, ils revendiquent une confiance en soi et une tolérance débridées.
Débridés, c’est d’ailleurs ce qui caractérise leurs apparitions sur scène. Ces quatre-là, malgré leur jeunesse, savent tenir un concert. La basse de Victoria De Angelis percute la guitare de Thomas Raggi pendant que la batterie de Ethan Torchio tonne à l’arrière et que Damiano David soulève la foule de sa voix rocailleuse. Imprévisibles, sensuels, féroces, dans la fosse, le pogo reprend ses droits pour rappeler à tous que non, le rock n’est toujours pas mort !
Les membres de Måneskin se sont rencontrés au lycée et sous l’influence de Victoria et Thomas, ils montent un groupe dont le nom veut dire « Clair de lune », en hommage aux origines danoises de sa bassiste. Jeunes, mais déterminés, ils se mettent à la recherche de scènes pour jouer. À défaut, ce sera pour eux les rues de Rome dans lesquelles ils se produiront régulièrement. Plus tard, Iggy Pop dira « ils ont eu un petit goût de pauvreté et d’obscurité, je pense que cela leur donne un avantage ».
De galère en galère et de concours en concours, le groupe se retrouve finaliste du X Factor italien et marque les esprits avec ses reprises de Beggin des Four Seasons ou de Somebody Told Me des Killers. Pour les jeunes rockeurs au look pailleté et à l’énergie indomptable, c’est le début du succès avec un premier EP chez Sony. En 2018, ils sortent Il Ballo Della Vita, leur premier album qui sera suivi d’une tournée européenne de 70 concerts, dont un passage à Paris pour deux dates au Café de la Danse et à la Cigale.
On ne les attendait pas là, mais en 2021, Måneskin explose la scène de l’Eurovision et rafle le trophée avec son rock italien décadent. Les yeux du monde se tournent vers eux et leur apportent une carrière internationale. Collaboration avec Iggy Pop, tournée aux Etats-Unis, la planète s’arrache le groupe qui souffle sa jeunesse sur un style qu’on pensait presque enterré. En novembre 2022, le quatuor s’offre le trophée de la meilleure chanson rock aux American Music Awards, devant les Foo Fighters, les Red Hot, Imagine Dragons et Kate Bush et annonce dans la foulée la sortie de son nouvel album, sobrement intitulé Rush.