A une époque où l’industrie musicale est dominée par des groupes de rock blancs, Living Colour décide de redéfinir avec fracas les contours du genre. Sorte de All Blacks du métal, ils repoussent les limites dans un univers où leurs riffs et leur virtuosité technique riment avec une audace et une diversité encore jamais vues dans l’univers du rock.
Pour eux, la musique n’est pas une formule rigide, mais une toile en constante évolution. Alors au fil des albums, ils construisent et déconstruisent, tissent et détissent pour apporter au métal un peu de jazz, une pincée de rap et un soupçon de funk. Dès leur premier album, Vivid, le mélange explose et leur titre Cult of Personality, reconnaissable instantanément à ses trois premières notes, fait le tour de la planète.
Il faut dire qu’avec le charisme de Corey Glover, aussi intense que Prince, aussi téméraire que Bowie, le groupe embrase les foules. Sur scène, l’énergie est hautement contagieuse. Les rythmes hypnotiques de Will Calhoun à la batterie et les grooves profonds de Doug Wimbish à la basse sont le socle des incursions tourbillonnantes de Reid et des vocalises enflammées de Glover. Avec ses paroles toujours engagées, celui-ci n’hésite jamais à propager son message, brandissant à l’occasion des pancartes « Démocratie, Vote » et rappelant l’importance d’un monde où cohésion et liberté cohabitent.
Pour sûr, le groupe a apporté une nouvelle palette de couleurs au métal, le métamorphosant en un kaléidoscope aussi délirant que maîtrisé. Depuis leurs débuts, ils laissent derrière eux une trainée de saine rébellion et d’innovation musicale sans égale. Living Colour est une légende vivante, qui transcende les frontières, bien au-delà du metal.
Avec eux, le succès n’attend pas. Dès leur premier album intitulé Vivid, Living Colour secoue les charts mondiaux. Il faut dire que quelques années plus tôt, c’est Mick Jagger qui avait eu du flair en les repérant et en décidant de les produire. L’année suivante, leur tube Cult of Personality remporte le Grammy Award de la meilleure chanson hard rock. Les années qui suivent, leur succès ne se dément pas. Time’s Up pour lequel ils raflent un second Grammy et Stain sont de petits bijoux de métal fusion.
En 1995, le groupe se sépare, Vernon Reid étant trop sollicité pour continuer l’aventure. Mais six ans plus tard, coup de théâtre, Living Colour est de retour, complètement prêt à retourner de nouveau les standards du genre. En 2003 sort Collideøscope, un album agressif qui reçoit directement les éloges de la presse spécialisée. La même année, ils enflamment la scène du Festival de Jazz de Montreux comme s’ils n’étaient jamais partis.
Tout semble désormais rouler pour le groupe qui sait se faire désirer. En moyenne, ils sortent un album tous les cinq ans, mais quel album ! En 2017, Shade évoque leur part d’ombre et de lumière mêlant comme à leur habitude l’agressivité d’un métal régressif à un blues rock nostalgique ou à un funk déjanté, toujours sur fond de revendications. Clairement, avec eux, la formule se renouvelle mais ne se répète jamais.
Les fans sont toujours dans l’attente d’un nouvel opus en forme de précieuse pépite. Mais pour l’instant, le groupe se concentre sur ses lives, faisant chaque année le tour de la planète, jouant sur des scènes intimistes comme dans les plus grands festivals. Parce que c’est certainement là que leur musique s’exprime le mieux.