Il prend des poses de pop-star mais possède une virtuosité sans égale dans ce monde. Il peut sans flancher faire courir ses doigts sur un piano devant des milliards de personnes et attendre 20 ans pour oser enfin reprendre Bach. Il est encensé par les critiques mais prend le temps d’écouter ceux qui le critiquent. Car le génie Lang Lang est comme ça. Un mélange explosif de talent et de remise en question qui a redonné ses lettres de noblesse à la musique classique, et lui a fait retrouver le sommet des charts.
Son histoire est celle d’un garçon prodige né en Chine, pur produit de la politique de l’enfant unique et surentraîné depuis l’enfance par des parents qui ont vu leurs propres carrières être réduites en cendres par la Révolution Culturelle. Mais c’est aussi celle d’un bourreau de travail qui ne présente son œuvre que s’il est sûr d’avoir atteint la perfection. Et pour cela, il se retire loin des projecteurs, s’entourant de pianistes et chefs d’orchestre de renom parmi lesquels Christoph EschenBach et Daniel Barenböim.
Ce dernier dit régulièrement de lui qu’il joue « comme un chat qui aurait douze doigts ». Rapide, précis et délicat, les notes jaillissent dans un tremblement ou dans un murmure qui sonne toujours juste. Et qui ravit les grands de ce monde, de Barack Obama au pape François, en passant par la reine Elizabeth II, tout comme le grand public. Certaines années, Lang Lang enchaîne pour lui plus de 130 concerts aux quatre coins de la planète.
Car son exploit est aussi là ! Célèbre dans le monde entier et érigé en demi-Dieu dans son pays, il fait redécouvrir la musique classique et les œuvres qui lui sont chères, de Tchaïkovski à Beethoven, en lui redonnant la place qu’on lui avait peu à peu oubliée. Celle de lier les peuples en provoquant des émotions universelles.
Depuis ses 5 ans, Lang Lang décroche tous les titres, remporte tous les concours auxquels il participe. Mais c’est en 2001 et à l’âge de 19 ans qu’il va se révéler au monde entier, en se produisant pour la première fois au Carnegie Hall de New York. A partir de cet instant, il jouera avec les plus grands orchestres mondiaux et ses albums dont Tchaikovsky, Mendelssohn: First Piano Concertos (2003) et Memory (2006) se hisseront en tête du Billboard.
Il avait déjà participé à la cérémonie d’ouverture de la Coupe du Monde de football en 2006. Mais deux ans plus tard, c’est à domicile qu’il joue sous les yeux de la planète entière en ouvrant les Jeux Olympiques de Pékin. Un show millimétré et une consécration pour cet artiste encensé dans son pays.
Technicien, mais aussi novateur ! Lang Lang n’hésite jamais à faire sortir la musique classique des grands orchestres. Et il le prouve encore une fois en rejoignant Metallica sur son titre One lors de la cérémonie des Grammy Awards. L’année suivante, il crée une nouvelle fois l’événement en se produisant aux côtés de Pharell Williams pour Happy.
C’est après 20 ans de carrière que Lang Lang se sent assez mature pour se lancer à l’assaut de ce qui constitue l’Everest de la musique classique : Jean-Sébastien Bach. En reprenant les Variations Goldeberg, il met à jour un travail qui lui a pris « 27 ans pour être prêt » et en livre une version lente, presque mystique, qui s’approche comme une promenade intérieure.