C’est un groupe qui arrive dans un fracas tonitruant, qui fait trembler les murs et les scènes du monde entier en y apportant sa culture centenaire. Kodō, le plus célèbre des groupes de taïkos (le mot japonais pour percussion), c’est la précision d’un art intemporel dans un spectacle aussi physique que musical, aussi percutant qu’impressionnant.
En japonais, Kodō signifie à la fois « enfants du tambour » et « battements de cœur ». Et clairement, ces artistes qui perpétuent avec ferveur leurs traditions font résonner les cœurs et les corps sur des vibrations qui portent des messages universels. Cadences effrénées, sons graves et profonds, résonances magnétiques, on a l’impression de partir pour un combat épique, comme au temps des samouraïs quand le tableau suivant nous offre une musique plus texturée, plus subtile, invoquant la nature, le microcosme où les éléments qui se déchaînent.
Et si Kodō s’ancre sur l’île de Sado, au Japon, d’où la formation est originaire, il ne se limite pas à une conception traditionnelle. Après 40 ans de tournées sur les cinq continents, leur art se veut aussi contemporain, inspiré de leurs nombreux voyages. Clairement ces artistes balancent finement entre leurs origines et leur spiritualité d’un côté, leur ouverture et leur créativité de l’autre.
Mais quoi qu’il en soit, et même si Kodō a quelques albums à son actif, c’est pour la scène que le groupe vit. Les percussions sont impressionnantes, tout comme la musculature des musiciens qui les manient, véritables athlètes qui se soumettent à un entraînement physique rigoureux. Et dans les lumières savamment orchestrées, les tambours parlent aux âmes, dans un rythme qui laisse à peine le temps au public de reprendre son souffle.
Il y a des centaines de groupes de taïkos au Japon, mais seul un a réussi à conquérir le monde. Basée sur l’île de Sado, au Japon, la formation est née en 1981 à partir du groupe existant Ondekoza. Et si elle possède toujours des musiciens-phares, ses membres se renouvellent régulièrement, tout comme ses metteurs en scène, chacun apportant sa vision à la fois traditionnelle et contemporaine. L’année de sa formation, Kodō se produit pour la première fois en Europe à la Philarmonie de Berlin. Pour eux, c’est le début d’un voyage qui n’aura pas de fin. De l’Europe aux Amériques, en passant par le Moyen-Orient et bien évidemment, le Japon, ils portent la voix des taïkos partout dans le monde.
En 1984, ils avaient déjà joué au Festival olympique des arts qui avait précédé les Jeux Olympiques de Los Angeles. Mais en 1998, c’est à domicile qu’ils font une démonstration de leur art magistral, toujours sublimement mis en lumières. Une performance percutante pour ouvrir les Jeux d’hiver de Nagano. Trois ans plus tard, ils mettent leur notoriété à profit pour promouvoir leur culture en organisant le Earth Celebration, un festival de musique et de danse traditionnelle qui a lieu chaque année sur l’île de Sado.
Cela fait 40 ans que les membres de Kodō parcourent la planète à un rythme hypnotisant, faisant résonner à l’unisson leur public. Après une pause forcée de deux ans, ils reviennent avec deux spectacles intitulés Tsuzumi et Warabe. Ce dernier remonte aux racines du taïko, comme un enfant qui découvrirait le rythme pour raconter les liens profonds qui unissent l’homme et la nature. Pour la première fois, en 2024, Kodō reprend les routes européennes pour faire vivre cette chorégraphie millimétrée, cette célébration d’un son unique entre résonance et physicalité, pour parler d’un sujet vieux comme le monde mais pourtant terriblement actuel.