Armé de ses lunettes noires, Joe Satriani, Satch pour les intimes, est un peu le daron de tous les guitaristes. Le modèle que chacun essaye d’imiter, faute de pouvoir l’égaler. Depuis les années 70, il révolutionne l’utilisation de la six cordes électrique, vendant au passage des millions d’albums d’un rock instrumental unique et singulier. Et à chaque fois, ses titres deviennent tour à tour des classiques ou des défis à relever pour les musiciens du monde entier.
Faire des gammes ou reproduire des mélodies cent fois entendues, ça ne l’a jamais vraiment intéressé. Fervent admirateur de Jimi Hendrix, ce qu’il veut, c’est explorer à la manière de son maître et repousser toujours plus loin les limites de son instrument. En utilisant les modes, en inventant presque le tapping au mediator ou à deux mains, en repoussant les limites humaines de la vitesse sur le manche de sa guitare, ce virtuose crée des techniques qui sont désormais entrées dans le répertoire populaire.
S’il est quasiment le père du rock instrumental, on aurait tort de réduire Joe Satriani à son domaine d’excellence. Car loin d’être l’homme d’un seul style musical, il prend plaisir à explorer le jazz, le boogie ou le blues pour faire siennes ces sonorités nouvelles, les transformer et les propulser dans son jeu avec une facilité déconcertante.
Et quand on le voit sur scène, transcendé et faisant corps avec sa guitare comme si elle était une extension de lui-même, on comprend pourquoi ce génie a inspiré, et même formé, toute une génération de guitaristes. Brièvement enseignant à la prestigieuse université de Berkeley, Kirk Hammett, Alex Skolnick ou encore Larry Lalonde ont appris à ses côtés. Et bien que le style soit un peu passé de mode, Joe Satriani continue de briller, de performer et fait toujours salle comble, entrant dans la légende et confirmant son statut de guitar hero.
C’est en 1970 que le jeune Joe se met très sérieusement à la guitare, bouleversé par la mort de son idole Jimi Hendrix. Mais ce n’est que 17 ans plus tard et aidé par l’un de ses anciens élèves, Steve Vai, que sa carrière décolle vraiment. Surfing with the Alien le propulse à la 29ème place du Billboard, une véritable prouesse pour un album instrumental. A partir de là, les choses vont s’enchaîner pour le prodige de la guitare puisque l’année suivante, il sera appelé en renfort sur sa tournée par Mick Jagger en personne.
En décembre 1993 et alors qu’il connaît déjà des sommets de gloire, Joe Satriani accepte de remplacer au pied levé Ritchie Blackmore qui vient juste de quitter Deep Purple. Leur tournée au Japon rebooste le groupe et le guitariste enchaîne avec eux en 1994. Les autres membres lui proposent alors de rester comme membre permanent du groupe mais le musicien refuse et retrouve la liberté qu’il chérit tant !
Dans les années 90, le rock instrumental perd en popularité face à l’arrivée de la vague grunge et d’un rock plus minimaliste. Mais Joe Satriani ne se laisse pas démonter et c’est ce moment qu’il choisit pour lancer les concerts G3 Guitar Extravaganza pendant lesquels il rassemble l’élite des guitaristes. Au programme, battle de solos et jams, évidemment ! Un pari osé mais qui marche. « C’est fun, imprévisible, sauvage, bref tout ce qu’on a envie de trouver dans un spectacle » confie le principal intéressé, qui est également le seul membre permanent de l’événement.
Avec Shapeshifting, le guitariste nous offre son 17ème album solo, en forme de voyage musical et émotionnel. Mais, loin de se reposer sur son statut de légende, il a également d’autres projets en tête. Il disait ainsi récemment avoir « toujours l'espoir de pouvoir faire un jour une tournée G3 avec Eddie Van Halen et Jimmy Page ! ». Mais également vouloir sortir « deux disques différents dans les prochains mois. L’un serait un autre album instrumental, et l’autre serait un album vocal, centré autour de mon groupe de scène ». Nous devrions donc entendre rapidement de ses nouvelles !