Ce n’est pas une reconversion pour l’acteur Jeff Goldblum, mais bien une passion qui a pris de plus en plus d’ampleur. On le connaissait sur les plateaux de cinéma, le voilà en pianiste et chanteur de jazz. Un style dont il est grand amateur depuis toujours. Il a d’ailleurs commencé les leçons de piano bien avant de devenir comédien. Et c’est avec cette naïveté du débutant, cette candeur qui lui procure un plaisir hautement contagieux que le tout nouveau jazzman, accompagné de The Mildred Snitzer Orchestra, livre ses titres qui transpirent l’émotion et la bonne humeur.
S’il attire volontiers la lumière devant la caméra, jouant de sa personnalité excentrique et de son charisme pour rafler le vote du public, c’est en musicien et chanteur plus discret qu’il se transforme quand il touche au jazz. Celui qui se dit encore « humble étudiant » laisse ses musiciens prendre la lumière et ses chanteurs invités briller. « Je fais des solos ici et là, mais j’aime bien faire partie d’un ensemble », explique-t-il. Et loin de se prendre la tête, il prône une musique qui se joue avec les tripes et le cœur, préférant le « côté plus social, plus fun, plus émotif et romantique » de la musique à ses « variations cérébrales, académiques, novatrices et même ésotériques ».
Un style chaleureux qui s’écoute sur album mais qui se vit complètement sur scène. Les guests défilent et l’acteur porte à merveille la double casquette, ponctuant volontiers ses interventions musicales d’anecdotes ou de questions sur ses films. Quant à son band, The Mildred Snitzer Orchestra, c’est la base indéfectible sur laquelle s’appuie le chanteur, mi-débutant, mi-confiant pour livrer une prestation jazz de haute volée. Et quand on écoute sa voix profonde, on se dit que Jeff Goldblum a bien fait de troquer son rôle d’intrépide chercheur pour celui de crooner.
Alors qu’il est en tournée de promotion pour le film Thor : Ragnarok, l’acteur accepte d’accompagner son ami Gregory Porter qui doit interpréter Mona Lisa de Nat King Cole dans une émission britannique. A sa grande surprise, le monde le découvre alors en pianiste de jazz, une activité sur laquelle il était jusqu’ici resté très discret.
Il faut croire que cette première apparition a donné un élan nouveau à l’acteur qui, repéré par Decca, signe avec son band The Capitol Studios Sessions sur lequel il reprend des standards du jazz. Et plus rien ne l’arrête puisque l’année suivante, il sort I Shouldn’t Be Telling You This, toujours avec The Mildrerd Snitzer Orchestra et entouré d’une foule d’invités de renom dont Fiona Apple, Gregory Porter ou Miley Cyrus. Dans la foulée, il commence à tourner sur les scènes de jazz où son humilité, sa candeur et son envie de débutant font un carton plein.
Lui qui ne pensait pas vraiment à une carrière musicale sort en mars 2023 son troisième album intitulé Plays Well With Others. Il y interprète dans un bonheur simple et toujours avec une flopée d’invités une collection de standards du jazz qui sont pour lui parmi les meilleures chansons jamais écrites. Et il n’hésite pas à sortir des sentiers battus. Comme sur le titre Moon River, en duo avec le chanteur d’indie rock Mattiel Brown, ou sur la très décontractée I Wanna Be Around où il est rejoint par le brésilien Rodrigo Amarante. Un nouveau disque qui le sort définitivement de l’amateurisme !
Il y a des timings improbables et Jeff Goldblum lui-même ne s’attendait probablement pas à devenir le chanteur et le pianiste de jazz qu’il est aujourd’hui. Il faut dire que films d’action et musique groovy ne s’accordent généralement pas. Pourtant, l’artiste a changé de cap avec brio et les clés de son succès sont sans aucun doute sa générosité sans faille et sa grande humilité. Il le sait, il a encore beaucoup à apprendre, mais en attendant, on est bouleversé par sa bienveillance et ses titres qui apportent une chaleur bienvenue dans le cœur des amateurs du genre.
Il a taquiné les dinosaures, joué tant le Christ que le Diable et une très inquiétante mouche. Il y a toutefois un rôle de Jeff Goldblum dont on a peu parlé jusqu’ici : pianiste de jazz. Jeff Goldblum joue depuis plus de 15 ans au Rockwell, chic restaurant de Los Angeles doté d’une scène. Il a fondé son propre groupe de jazz, le Mildred Snitzer Orchestra, il y a plus de 30 ans. […] L’acteur n’a pas la meilleure voix du monde, mais ses musiciens et lui dégagent un plaisir contagieux.
J’en ai vu des concerts intimistes, mais Jeff Goldblum redonne tout son sens au terme ! Avant même que son groupe arrive, il se lance dans une conversation avec la salle, appelant chacun par son prénom. Mais nous sommes là pour son jazz, attachant (comme lui), doux, avec une pointe d’énergie positive qu’amène également son groupe et les deux chanteuses invitées pour cette soirée. Alors oui, ce n’est pas l’un des grands pontes du jazz, mais on voit qu’il prend un plaisir énorme sur scène. Nous aussi et c’est tout ce qui compte !
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