Fantastic Negrito n’est pas seulement un chanteur qui perce sur le tard. Non, c’est surtout un phénix qui ne cesse de renaître de ses cendres. Car l’artiste, pour livrer aujourd’hui des albums encensés par la critique, mélanges subtils de blues acidulé et de funk explosif, saupoudré d’une touche punk indéniable, a traversé trois décennies d’épreuves et a même vu la mort en face. Mais pour lui, c’est une évidence, « un artiste se révèle par les moments les plus noirs qu’il a pu traverser ».
Et des moments sombres, sa vie en est jalonnée. Élevé dans une famille musulmane orthodoxe très stricte, un temps dealer de weed, il s’est fait passer pour un étudiant pour suivre des cours de piano à l’université de Berkeley. Rescapé d’un accident de voiture qui le laisse dans le coma pendant trois semaines, Fantastic Negrito a sans conteste des choses à dire ! Et il le fait en mélangeant les genres comme personne et en produisant un style unique, véritable concentration de décennies de musique noire.
Sur scène cependant, il n’a rien à envier à Sid Vicious. Afro-iroquois porté bien haut, on le croirait branché directement sur secteur ! Les instruments sont martelés, et lui, survolté, délivre toujours une prestation parfaite, voix puissante, technique précise et énergie bouillonnante.
Une ardeur et un caractère qui le poussent aussi à appuyer sur sa veine militante. Car Fantastic Negrito a, comme beaucoup d’autres, mal à son Amérique. Fervent défenseur de la cause des afro-américains et de l’égalité, il n’a jamais douté de son rôle : « J’entends ici où là que les artistes n’ont plus d’impact sur ce que pense le public alors que c’est exactement le contraire ». Pas de doute, il a la rage. Et à plus de 50 ans, il a enfin trouvé sa voix.
C’est en écoutant le kid de Minneapolis, Prince, que le jeune Xavier, alors dealeur, décide qu’il veut faire de la musique. Il troque le pistolet qu’il porte à la ceinture contre des cours de piano auxquels il assiste en se faisant passer pour un étudiant à l’université de Berkeley. En 1995, coup du destin, il rencontre l’ex-manager de Prince à Los Angeles. Il signe alors un deal à un million de dollars pour un album soul-rap qui, bien qu’accueilli très positivement par les critiques, se fait instantanément engloutir par la vague gangsta de l’époque.
En 1999, alors qu’il n’a pas renoncé à la musique, l’artiste est victime d’un grave accident de la route. S’il se réveille après trois semaines de coma, il perd partiellement l’usage de sa main droite, qui lui sert pour composer et est lâché par sa maison de disques. Commence alors pour lui une longue traversée du désert, faite de petits boulots et de combines en tout genre.
C’est son fils qui le ramènera finalement à ses premières amours. En lui chantant des berceuses, l’artiste se remettra à composer. Et cette fois-ci, ça marche ! Il puise ses textes dans son histoire et livre un album en forme de melting-pot de ce que la musique noire a produit de meilleur. Son premier album sous son nouveau nom de scène, The Last Days of Oackland, remportera un Grammy Awards dans la catégorie du meilleur album de blues contemporain. Il en empochera un second en 2019 pour Please Don’t Be Dead. Sa carrière est désormais lancée !
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