Tout est parti d’une querelle autour d’une pinte de bière. A quelqu’un qui lui soutenait que Poison faisait du death metal, Jesse Hughes a répondu « Ce sont les Eagles du death metal ». Voilà pour le nom. Pour le reste, vous ne trouverez pas de riffs surpuissants ou de rythme de doom dans la musique des Eagles of Death Metal. Leur truc, c’est le stoner rock qui ne se prend pas au sérieux. Et ça donne toujours des mélodies proches de la perfection et des paroles qui prêtent souvent à sourire.
L’humour, c’est un peu la marque de fabrique du groupe, formé par deux copains d’enfance. Jesse Hughes donc, au chant et à la guitare, également leader des Boots Electric. Et Josh Homme, le multi-instrumentiste qui a aussi fondé les célèbres Queens of the Stone Age. Avec deux pointures pareilles, ça ne pouvait qu’être décapant ! Et effectivement leur mélange de rock, de stoner teinté de blues, d’attitude complètement punk et d’un soupçon de Rolling Stones est quasi-imparable.
Mais leur musique se vit vraiment sur scène. Grands adeptes du second degré, ils moquent tous les clichés qui font le rock en surjouant au maximum. Ainsi, la moustache emblématique de Hughes vole régulièrement la vedette à leur musique pourtant irrésistible. Les grosses vestes en cuir, les chaînes et les tatouages de gros durs leur donnent un air de bêtes féroces quand leurs paroles et leurs attitudes disent souvent tout l’inverse. Zipper Down par exemple, titre éponyme de leur dernier album que l’on peut littéralement traduire par « braguette ouverte », moque le machisme affiché des rockers.
Parce que c’est ça, Eagles of Death Metal. Simplement une bande de potes qui n’a rien à prouver, mais qui veut s’amuser et procurer un feel good communicatif à tous ceux qui viennent leur rendre visite en concert.
C’est en 1998 que Hughes et Homme se rejoignent à Palm Desert, certainement pour évoquer leurs souvenirs du lycée. Mais de cette rencontre nostalgique naît les Eagles of Death Metal. Un nom surprenant pour un groupe qui l’est tout autant. Et si Homme est souvent absent à cause de ses activités parallèles, le groupe concrétise les choses avec Peace, Love, Death Metal qui sort 6 ans plus tard. Homme décrit leur son comme un croisement entre le bluegrass, une batterie puissante et une voix à la Canned Heat. Forcément, avec son second degré et son sens des arrangements, le groupe décolle !
Petit coup de boost de la part de Nike qui sort sa publicité Take it to the Next Level en utilisant la chanson Don’t Speak du groupe. Mais clairement, Eagles of Death Metal n’en avait pas vraiment besoin pour prendre la direction des meilleures scènes mondiales. Parce que cette année-là, ils sortent aussi leur troisième album, Heart On avec un single-phare, Wanabee in LA et partent en tournée autour du globe en commençant par les États-Unis. Partout, ils affichent des sourires aux lèvres avec leurs paroles décalées et leur rock entraînant.
En tournée européenne pour promouvoir leur dernier album, Zipper Down, le groupe se produit au Bataclan, à Paris, le 13 novembre 2015 et devient tristement célèbre pour avoir été sur scène pendant les attaques terroristes qui ont fait 130 victimes. Après ce drame, les Eagles of Death Metal veulent leur rendre hommage. Ils le feront avec force et en musique, en rejoignant U2 à l’AccorHotels Arena en décembre 2015. Puis avec une tournée en 2016, intitulée « Nos Amis Tour ».
Cela faisait trois ans que le groupe n’était pas revenu jouer ses musiques décapantes et pleines de légèreté en France. En 2019, ils font leur retour au Hellfest, dédiant évidemment leur concert aux victimes des attentats du Bataclan. Une prestation cathartique pour le groupe, visiblement en forme et heureux de retrouver nos scènes, soutenu par tout un public ! La même année, le groupe sort EODM presents Boots Electric Performing the Best Songs we Never Wrote, une compilation détonante de leurs chansons préférées.