Derrière cette jolie femme, timide et discrète qui laisse volontiers les autres s’exprimer à sa place se cache l’une des pianistes et chanteuses de jazz les plus connues au monde. Un succès qu’elle ne doit pas, comme ses détracteurs aiment à la dire, à son visage d’ange, mais bien à son talent immense et à sa compréhension toujours subtile d’un genre hyper exigeant. Il faut dire qu’elle a exercé et affiné son sens inné du tempo auprès de mentors de renom : Ray Brown et Jimmy Rowles.
Reine de la reprise, elle ne produit pas un jazz classique, n’en déplaise aux critiques ! Celle qui a parfois forcé sur sa voix pour coller aux standards a désormais compris que là n’était pas sa force. « Je ne sais pas si je suis une chanteuse, mais je suis sûre d’être une pianiste », affirme-t-elle désormais avec conviction. Et pour cause, sa musique, loin d’être un passage en force, est une caresse sensuelle, douce et intelligente, qui effleure nos sensibilités comme une longue étreinte.
Car Diana Krall est aussi passée maîtresse dans l’art de la séduction. Dans un registre de jazz classique, c’est même là où elle excelle. Sa voix grave et profonde teintée de quelques notes chaleureuses, ses envolées improvisées au piano transportent son public dans une ambiance feutrée. Tour à tour, cette « crooneuse » fabrique un cocon intime ou impose une respiration lourde et une sérénité longtemps attendue. On s’imagine alors volontiers au coin du feu, écoutant avec attention son piano qui nous plonge dans une nostalgie bienvenue, à la limite du bonheur.
Issue d’une famille de musiciens, Diana Krall est presque née avec un piano sous les doigts puisqu’elle commence son apprentissage à l’âge de 4 ans ! A 15 ans, elle joue déjà dans plusieurs restaurants de sa ville et deux ans plus tard, elle décroche une bourse pour étudier au Berklee College of Music de Boston. Des débuts plus que prometteurs pour l’artiste en devenir.
De retour au Canada, elle est repérée par le contrebassiste Ray Brown qui déploie toute son énergie à la convaincre d’emménager à Los Angeles pour lancer sa carrière. C’est là qu’elle rencontrera son deuxième mentor, Jimmy Rowles. Avec lui, elle perfectionnera encore sa maîtrise du piano et apprendra à chanter avant de signer son premier album en 1990.
Mariée au musicien britannique Elvis Costello, c’est à Paris, dont elle est tombée amoureuse, qu’elle passe son voyage de noce. Et la ville le lui rend bien ! Ses concerts sont toujours remplis d’un public attentif et conquis. C’est pour lui rendre hommage qu’elle enregistre en 2001, Live in Paris, son seul album-concert. Un véritable succès qui lui vaudra le deuxième Grammy Awards de sa carrière dans la catégorie Meilleur Disque de Jazz Vocal.
En 2004, la chanteuse prenait déjà les chemins de traverse en sortant pour la première fois un opus de compositions originales, The Girl in The Other Room, salué par la critique. Cette fois, elle accepte l’invitation de Neil Young pour une série de concerts visant à défendre les droits des Indiens. Une expérience très positive pour l’artiste qui dira plus tard : « ça m’a fait réaliser que je n’étais pas obligée de rester dans mon personnage de chanteuse de jazz, que je pouvais faire ce que je voulais du moment que c’était sincère ». Elle mettra d’ailleurs en œuvre cette affirmation dans son album suivant, Wallflower, qui regroupe des reprises de grands tubes pop.