C’est un ovni venu tout droit de Hollande qui s’est posé sur les plus grandes scènes rock du monde, faisant briller un style unique et complètement déjanté. Loin de la musique électronique avec laquelle leurs compatriotes ont pris l’habitude d'inonder le monde, De Staat vient souffler un vent de fraîcheur sur des sonorités qui empruntent aux plus grandes folies des années 80.
De Staat, c’est un doigt tendu à ceux qui aiment classer la musique dans de petites cases bien rangées. Chanteur et leader du groupe, Torre Florim explique volontiers « Je n’ai aucun genre auquel je tiens. J'aime beaucoup de choses différentes et même s'il y a quelque chose que je déteste vraiment, cela m'inspire » avant de renchérir « Si on rentrait dans une case, on serait un groupe carrément chiant ! ».
Finalement accompagné de ses quatre compères, on sent qu’ils ne sont pas là pour enfiler des perles. Talking Heads, Rihanna, Nine Inch Nails, Radiohead, Michael Jackson, Run-DMC ou encore Soulwax, c’est un peu tout ça qu’on entend si on les écoute attentivement. Et si l’on peut s’attendre à un joyeux bordel, ça sonne étonnamment très juste. Comme sur Pikachu dont le rythme qui tire franchement vers l’électro est aussi léger que pesant, aussi dansant que brutal. Comme sur Numbers Up où l’on entendrait presque du disco sous les refrains scandés.
Sur scène, en revanche, ça ne pouvait être rien d’autre, justement, que ce joyeux bordel attendu. Avec un sens aigu du style – smoking à motif, coupe mulet et robe K-way à l’appui – et une énergie débordante, ils embarquent leur public, pas confus pour un sou, dans leur univers où tout se mélange. De Staat, c’est certain, sont bien les plus grands alchimistes de leur génération !
A la base, c’est le projet d’un seul homme. Torre Florim lance De Staat en solo, dans sa petite ville de Nimègue. Mais très vite, il réunit autour de lui d’autres musiciens pour enregistrer une première démo qui est déjà un melting-pot d’influences. En moins d’un an, le groupe gagne en popularité et sort son premier album, Wait for Evolution en 2009. A partir de là, les choses s’enchaînent et ils sont programmés dans toute l’Europe.
Si De Staat a acquis une certaine notoriété au fil des années, c’est un clip qui va les faire exploser. Sur Witch Doctor et son rythme martelant, Torre Florim est entouré d’une foule d’hommes en images de synthèse qui se mettent à courir autour de lui comme des diables enragés. Un hommage certain aux circle pits qui détonne et projette le groupe sur le devant de la scène, le public reproduisant le clip lors des concerts du groupe. L’année suivante, la consécration est complète puisque juste après la sortie de leur quatrième album, O, le groupe part faire la tournée des stades en compagnie des légendes de Muse.
Pas de nouvel album pour De Staat en 2022, mais un concept. Evidemment, le groupe n’a pas pu s’empêcher de sortir des sentiers battus et des voies toutes tracées. Pas d’album, donc, mais une collection de titres, classés par couleurs, qui sont sortis tout au long de l’année. Rouge pour la partie sombre et agressive, jaune pour les morceaux plus enjoués et dansants, bleu pour les titres aux mélodies et aux paroles introspectives. Avec ça « vous pouvez créer toutes les couleurs que vous vous voulez, non ? » demande Florim avec un brin de malice aux journalistes. La vraie nature de ces singles au compte-goutte est révélée, De Staat n’est pas près de rentrer dans des cases, même celles qu’il a lui-même créé.