C’est en pleine période grunge, à l’époque où Nirvana était roi que les emblématiques dreadlocks d’Adam Duritz et le style si singulier de son groupe ont fait irruption sur la scène rock américaine.
Si le look à la clocharde est bien là, ce qu’ils veulent faire, eux, c’est de l’Americana. Du bon vieux rock à l’ancienne mais qui ne bouderait pas des mélodies entraînantes et un brin nostalgiques pour nous accompagner sur les routes sans fin de l’ouest américain.
Aux côtés d’Oasis, de Bruce Springsteen ou de U2, ils sont de ceux dont la musique nous embarque dans un long voyage fait de sonorités nouvelles comme d’emprunts aux grands maîtres du rock des années 70, de Van Morrison à The Band, ce dernier les ayant aidés à se lancer complètement. Quant à la diction si particulière de son chapelier fou de chanteur, c’est du côté de sa passion sans faille pour Bob Dylan qu’il faut aller la chercher.
Loin d’être les hommes d’une seule chanson et même si leur Mr Jones reste le seul titre régulièrement joué par les grosses radios françaises, leur carrière puise dans des racines solides et ils enchaînent disques et succès des deux côtés de l’Atlantique. Il faut dire qu’en leader charismatique, la voix d’Adam Duritz est perforante, fascinante, puissante.
Ajoutez à cela son intensité et son charisme sur scène et vous obtenez un véritable performer, prêt à enflammer les foules dès les premiers riffs de guitare, dès les premiers coups de tambour assénés par le groupe.
Et si Counting Crows a perdu dans son épopée quelques musiciens chevronnés, le groupe ne cesse de se réinventer. La fougue de leur jeunesse (presque) passée transparaît toujours dans leurs paroles quand leur rock à l’américaine devient selon quelques critiques un « rock de darons ». De darons peut-être, mais de ces darons qui savent pogoter comme au bon vieux temps !
Après les changements de line-up inhérents à tous les groupes de rock débutant, Counting Crows se stabilise en 1993 autour de Duritz au chant, Bryson à la guitare, Malley à la basse, Gillingham aux claviers, et Bowman à la batterie. Déjà repérés sur scène, ils sortent la même année leur premier album, August and Everything After. La légende dit que Duritz chantait Mr Jones pour rire en l’imaginant devenir populaire quand le clip a commencé à tourner sur MTV. A partir de là, le succès est colossal, faisant de leur premier disque l’album le plus rapidement vendu depuis Nevermind de Nirvana. Dans la foulée, ils partent en tournée aux côtés des Rolling Stones et deviennent l’un des nouveaux poids lourds du rock américain, rien que ça !
Même s’ils sont moins connus de ce côté de l’Atlantique, le succès de Counting Crows n’est jamais retombé aux USA. En 2002, leur premier album est classé à la 75ème place des 100 meilleurs albums de tous les temps par les lecteurs du magazine Rolling Stone. Oui, juste entre Marvin Gaye et les Sex Pistols ! En 2004, nouveau coup d’éclat pour le groupe qui signe l’excellent Accidentally in Love sur la BO de Shrek 2 et renoue dans le même temps avec son public européen.
Leur dernier album, Somewhere Under Wonderland, était sorti en 2014 et cela faisait sept ans que les fans n’avaient plus rien à se mettre sous la dent. Mais il faut croire que, comme pour beaucoup, la pandémie a donné un regain de créativité à Adam Duritz et son groupe qui renouent avec l’écriture et les studios pour nous offrir Butter Miracle Suite One, qui sera logiquement suivi d’un second opus. L’année suivante, Counting Crows fait un passage remarqué aux Folies Bergère. Parce que les dreads brandis comme un étendard depuis près de 30 ans ont disparues, mais surtout parce que leur énergie folle emporte une nouvelle fois tout sur son passage !