Avec force, élégance et sincérité, Bruce Springsteen raconte une Amérique belle mais morcelée, tiraillée entre espoirs et rêves brisés. Ainsi, libre comme l’air, le Boss du New Jersey vagabonde sur les terres des cols bleus, pour raconter une face trop souvent ignorée de son pays.
Derrière sa guitare, prolongement naturel de son corps, Bruce Springsteen façonne des mélodies intemporelles, marqueurs de l’Amérique d’en bas, où les classes populaires et les minorités se battent corps et âme pour vivre. Rien n’arrête ce poète qui n’hésite jamais à prendre la parole contre les oppressions : ni le poids du temps, ni les bourrasques des modes, ni l’adversité. En cavale permanente contre les injustices, et sans cesse bousculé par ses interrogations existentielles, le roi de Freehold use sa voix rugueuse jusqu’à la corde. Son obsession : narrer le quotidien des oubliés, de l’humble travailleur du New Jersey au migrant venu d’ailleurs.
À sa manière, avec vitalité et audace, Bruce Springsteen nous plonge au cœur d’un pays aux mille ambiguïtés, par des sonorités hors du temps. Car là, entre le sable fumant du Nouveau-Mexique et la beauté de la Pennsylvanie, le soleil éternel de la country et du folk tape fort sur un rock aux couleurs contrastées. Et cela donne l’hymne à la tolérance de Streets of Philadelphia, délicatement accoudé à un Born in the U.S.A électrisant, hommage puissant aux vétérans du Viêt Nam. Des titres emblématiques qu’il ne se lasse pas de jouer avec énergie et accompagné de son E Street Band, lors de concerts qui accrochent souvent les trois heures.
Parce que c’est une évidence : Bruce Springsteen, amoureux inconditionnel d’Elvis Presley et de Bob Dylan, dont il incarne à merveille le trait d’union, est né pour raconter, entre cri primal et complainte mélancolique, les déboires de son époque. Plus qu’un artiste, plus qu’une légende, le Boss devient, album après album, le miroir sans filtre de toute une société. Alors, affirmons-le haut et fort : cet autodidacte aux 35 albums est l’incarnation la plus belle de l’Amérique silencieuse !
Producteur et critique musical, John Hammond tombe, par le plus grand des hasards, sur le charisme irrésistible de Bruce Springsteen. Celui qui a donné, une décennie plus tôt, les clés à Bob Dylan pour sortir de l’ombre, permet cette fois-ci à l’homme du New Jersey de signer sur le label Columbia.
La sortie de Born to Run, disque unanimement apprécié par la critique, permet à Bruce Springsteen de se faire un nom sur la scène internationale. C’est la consécration : l’artiste fait les couvertures du Time et de Newsweek. Sa carrière est définitivement lancée.
Jimmy Lovine, producteur américain de renom, décèle un vrai potentiel dans le titre Because the Night, écrit par Bruce Springsteen, mais non-retenu dans l’album Darkness on the Edge of Town. Ensemble, ils proposent à Patti Smith de l’interpréter : le succès est immédiat et permet à la déesse de Chicago de s’affirmer pour de bon sur la scène internationale.
Quelques mois avant la chute du mur de Berlin, Bruce Springsteen se produit à l’est de la ville, au cœur de la partie communiste. Plus de 30 000 jeunes allemands sont présents. Les messages entonnés par The Boss contribuent à la génèse d’un large mouvement, qui permettra d’aboutir à la chute du mur, l’année suivante.
Bruce Springsteen se retrouve la cible de menaces, à la suite de la parution du morceau American Skin, où il dénonce avec force le meurtre d'un jeune homme noir par la police de New York, le 4 février 1999. Face à la polémique, The Boss ne lâchera rien, refusant corps et âme d’annuler le moindre concert de sa tournée.
En 2013, l’artiste remplissait encore le stade de France et jouait devant 65 000 personnes. Mais 40 ans après ses premières apparitions, Bruce Springsteen décide d’offrir un autre cadeau à ses fans et de poser des mots sur sa carrière, ses convictions et ses émotions. Il publie alors Born to Run, son autobiographie, au cours de laquelle il évoque notamment, sans filtre et pour la première fois, son long combat contre la dépression. Un livre qui sera suivi d’une série de concert à Broadway, succès fulgurant où son récit de vie est entrecoupé d’une quinzaine de ses chansons.