Né aux côtés de Scorpions, Accept leur laisse très vite les slows langoureux pour s’atteler à renouveler façon tornade le heavy metal. A chacune de leurs apparitions, le tremblement de terre n’est pas loin et ce sont des bourrasques qui se lèvent au son des rythmiques plombées, de la batterie qui semble frappée à grands coups de marteaux et de la voix déchirante de son chanteur.
Parce que cette formation qui a connu bien des départs, des arrivées et des polémiques a toujours su se relever dans l’adversité pour livrer sur scène ou sur galette son heavy metal populaire, puissant et survitaminé. Les deux doigts dans la prise, ils sont pour beaucoup les inventeurs du speed metal, accélérant le tempo comme des diables effrénés sur le désormais mythique Fast as a Shark, et n’ayant pas peur de mélanger des genres que beaucoup voudraient voir séparés. Beethoven en ouverture d’album ? Pourquoi pas ! Le lac des cygnes de Tchaïkovski galvanisé en version guitare électrique ? Sublime ! Mixer metal et chanson traditionnelle ? C’est fait ! La bande ne se refuse rien et au fil des séparations et des acquisitions, ose tout, tout en restant fidèle à ses fans et aux solos insoutenables qui ont fait sa renommée.
Leurs textes aussi détonnent dans un monde dominé par les démons, les sorcières et autres serial killers terrifiants. Eux, ce qui leur parle et ce qu’ils livrent à coup de riffs endiablés et de rythmes fracassants, ce sont leurs réflexions sur le racisme, la résistance sociale, les droits de l’homme… C’est incisif, c’est puissant et ça transperce au cœur depuis près de 50 ans. Quand on les voit sur scène, on envie la fougue et l’énergie de leurs vieilles années. Wolf Hoffmann fait toujours figure de jeune loup aux solos perforants, accompagné de son ami de toujours le bassiste Peter Baltes, et, désormais de Mark Tornillo, Uwe Lulis et Christopher Williams qui viennent apporter un vent de fraîcheur sur les classiques toujours légendaires d’Accept.
Le groupe commence sa formation à la fin des années 60 mais sa line-up fait tellement de détours qu’il est difficile de nommer le groupe avant la fin des années 70. En 1981, et après déjà deux albums mitigés, ils sortent enfin Breaker que le célèbre journaliste Hervé Picart qualifie de chef d’œuvre. L’année suivante, c’est l’excellent Restless and Wild qui fait parler dans toute la sphère metal grâce au tempo ultra nerveux de Fast as a Shark. En 1983, c’est la consécration pour le groupe qui sort définitivement de l’ombre avec Balls to the Wall. A partir de là, la formation heavy prend une route sans retour vers le succès.
En 1987, Accept acquiesce devant la volonté de sa maison de disque d’emprunter la voie des Amériques. Le groupe se sépare de son chanteur de toujours, Udo Dirskschneider et part à la recherche de nouvelles sonorités. Après plusieurs changements de direction, David Reece les rejoint au chant et la formation se met en quête de « l'album ultime d'Accept, pas seulement un de plus ». C’est ainsi que sort Eat the Heat avec un virage marqué vers le hard FM tout droit venu des Etats-Unis. Si cet album connaît le succès, le groupe implose peu après pour se reformer en 1992, sortir de nouvelles galettes avec son chanteur d’origine puis marquer une nouvelle pause en 1996.
14 ans… C’est le temps qu’ont dû attendre les nombreux fans d’Accept pour les voir revenir en studio. Et c’est la voix et la personnalité décoiffante de Mark Tornillo qui a convaincu les deux piliers, Wolf Hoffmann et Peter Baltes de reformer le groupe. Herman Frank reprend du service à la guitare, Stefan Scharzmann à la batterie et des cendres brûlantes d’Accept naît Blood of the Nations, suivi d’une tournée internationale triomphante.
Presque 50 ans après son apparition, l’un des pionniers du metal allemand existe toujours, bien trop hargneux et vivace pour laisser sa place. Son dernier album, Too Mean to Die voit le survivant des premiers jours, Wolf Hoffman guider sa nouvelle formation vers un heavy metal pur qui sonne désormais légèrement old school mais dont on se délecte toujours assidûment.