Il est certainement un des meilleurs guitaristes de blues-rock de ces quarante dernières années et sans doute un des derniers à savoir faire vibrer sa guitare avec autant de passion et précision. Il a écrit l'histoire du blues-rock. L’univers, en le laissant défier la mort, a bien voulu le laisser sur Terre pour continuer à faire vibrer les âmes avec passion et précision. Dôté d'une voix légèrement cassée mais puissante et accompagné de rythmes lents et profonds qu’il affectionne tant, Walter Trout fait partie de ces vrais bluesmen qui se transcendent à chaque concert.
Une technicité en or et un style à la croisée de Gary Moore, Billy Gibbons ou Jeff Beck. Si on le compare à ces légendes, ce n’est pas pour rien, c’est qu’il en fait partie. Avec Canned Heat et les Bluesbreakers, il a marqué la musique de son empreinte dès sa jeunesse, prenant vaillamment et sans détour la relève d’Éric Clapton ou de Mick Taylor.
Parce que ce qu’il aime, c’est soulever des cordes sensibles, autant dans ses arpèges et ses accords que dans ses textes. Un artiste virtuose et profondément sensible. Introspectif aussi, sublimant les épreuves de la vie, allant puiser dans sa propre expérience et ses propres doutes des thèmes intemporels, universels, qu’il transforme pour en faire des chansons imparables, apportant optimisme et courage au milieu de l’obscurité. Et c’est tout là l’essence de son blues moderne, sous lequel se dessinent les influences électriques de ses jeunes années.
Une générosité qui s’exprime à plein régime sur scène. Malgré cinquante ans de carrière, aucune lassitude pour ce vieux briscard du blues qui se livre sans arrière-pensée. Qui raconte ses histoires attachantes et ses anecdotes croustillantes. Qui salue ses fans et n’hésite jamais à leur rendre une visite impromptue à la fin de ses prestations. Un grand monsieur en somme, qui n’a plus rien à prouver mais encore beaucoup à partager.
Enfant, il ne jurait que par le rock et le jazz. Mais quand vers dix ans, il découvre le blues, son cœur chavire. C’est cette musique qui lui parle, c’est cette musique qu’il jouera. Un jeune prodige qui, une fois majeur, rejoint très rapidement Los Angeles où il officie, entre autres, comme sideman de John Lee Hooker et Percy Mayfield. En 1981, son destin bascule complètement quand il devient guitariste principal de Canned Heat. Puis en 1984, il rejoint les BluesBreakers de John Mayall et entre déjà dans la légende en suivant les traces de Peter Green et Éric Clapton.
Si le succès n’avait pas lâché Walter Trout d’une semelle, il officiait surtout en Europe du Nord et aux Pays-Bas. Mais en 1998, le guitariste veut changer la donne et sort aux États-Unis un premier album éponyme sous le nom légèrement rebelle, Walter Trout and the Radicals. Et ça marche ! Dans les années qui suivent, le bluesman devient prolifique, à raison d’un à deux disques par an, enchaînant les tournées mondiales et comblant un public toujours plus avide de son groove positif.
Têtu Walter Trout ? Peut-être un peu ! Quand on lui annonce qu’il est atteint par une cirrhose du foie, il envoie valdinguer les médecins pour continuer de faire ce qu’il aime par-dessus tout : jouer devant son public. Ce n’est que quand une greffe devient vitale qu’il accepte de s’arrêter pour subir cette opération risquée, qui le laissera cloué à son lit d’hôpital pendant 8 mois. Mais le bluesman en a vu d’autres. Il réapprend à marcher, à parler, à chanter et surtout, à jouer de la guitare comme si rien n’était jamais arrivé. Et bien sûr, il repart en tournée.
Juste avant le Covid, Walter Trout avait livré une merveille de blues introspectif avec Ordinary Madness avant d’être stoppé dans son élan. Juste après la pandémie, il revient avec Ride, un petit bijou de blues et une nouvelle preuve, s’il en fallait une, de sa capacité à sublimer les épreuves pour en faire des titres remplis d’espérance et de courage. Un album fait de « ce que je vivais mentalement et émotionnellement », raconte ce maestro qui n’avait qu’une hâte : « retourner sur la route, rencontrer les gens aux concerts, leur faire des câlins et poser pour une photo avec eux ».
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