Belle et engagée, Tracy Chapman balade son folk contestataire dans les fins fonds de l’Amérique, comme pour mettre en lumière une société au bord de l’implosion. À sa manière, avec l’élégance des grandes dames, la chanteuse de l’Ohio se fait ainsi le fer de lance d’une lutte pour la justice sociale.
Quand sa mère lui offre sa première guitare, probablement n’imagine-t-elle pas que sa fille deviendrait, grâce à ce cadeau miracle, une icône du folk contemporain. Pourtant, l’héritière féminine de Bob Dylan, comme ses fidèles la présentent parfois, a surmonté sa timidité naturelle et les obstacles de l’art pour s’imposer comme une porte-parole à la voix profonde d’une Amérique oubliée, où la pauvreté et la violence prédominent. Beauté émouvante, hymnes engagés : oui, quand l’enfant de Cleveland, cité industrielle au bord du lac Erié, se met à chanter, tout un monde sort de l’ombre.
Elle n’a pas de besoin d’un plan de feu étincelant, de screens dans tous les sens et de danseurs étoilés pour se faire entendre sur scène : ses convictions, sa guitare et ses quelques musiciens suffisent à nous envoûter et à mettre en lumière les réalités cachées sous le tapis. Chaque chanson est un prétexte pour déplorer la misère sociale, pour contrer le racisme et pour appeler à l’amélioration de la condition féminine. Tracy Chapman est une militante à la poésie résolument douce. Elle ne mâche jamais ses mots, car elle sait que sa sincérité absolue est la pierre angulaire de son charme musical. « Pour toucher les gens, il faut raconter des histoires universelles tout en témoignant de ce qui nous entoure : un monde d'illusions, dominé par le capitalisme et la technologie ».
Son folk habile prend aux tripes. Son combat sans fin et sans superflu nous donne de la force. C’est sûr : Tracy Chapman est un exemple de citoyenneté, profitant de la musique pour Talkin’ Bout a Revolution qu’elle espère tant voir se produire de son vivant. À elle seule, elle incarne donc le souffle d’espoir de toute une partie du peuple, quitte à pousser l’Amérique conservatrice dans ses retranchements.
Ce jour de juin, personne ne l’attend car personne ne le connaît. Pourtant, quand Tracy Chapman monte sur la scène du stade de Wembley pour célébrer les 70 ans de Nelson Mandela, alors toujours emprisonné, le monde s’arrête. Qui est cette jeune femme à la voix d’or, à la sobriété charismatique et au militantisme affirmé ? Elle devient, en l’espace de seulement quelques minutes, une vraie star du folk. Et son titre Talkin’ Bout a Revolution devient un tube planétaire.
Repérée par les plus grands grâce à son concert à Wembley, Tracy Chapman est invitée par Amnesty International à participer à une tournée mondiale, aux côtés de Sting, Bruce Springsteen ou encore de Peter Gabriel. Elle fait désormais partie des grands de la musique !
Tracy Chapman balade toujours son folk avec détermination et fragilité. Encore une fois, avec New Beginning, elle fait chavirer les cœurs des critiques et, bien plus important, de son public. Elle continue de conquérir le monde avec ses mélodies lentes et discrètes teintées d’optimisme. Pour l’occasion, son titre Give me One Reason est élue chanson de l'année 1996 aux Grammy Awards.
Alors que Barack Obama vient d’être élu Président des États-Unis, Tracy Chapman imagine un futur étincelant, fruit de son idéal. L’artiste américaine, encore une fois, fait des émules et se hisse au cinquième rang des charts en France, en partie grâce au magnifique single Sing For You. Les années suivantes verront ses espoirs d’un autre monde s’évaporer avec l’élection de Donald Trump, mais son combat continue.