C’est l’histoire de jeunes prodiges qui portaient la musique en étendard et la soul au fond du cœur. A peine âgé de 18 ans, Emilio Castillo, déjà saxophoniste de talent, montait un groupe avec son grand ami Stephen « Doc » Kupka. Très vite, ils sont rejoints par d’autres, dont le fracasseur de cordes Francis « Rocco » Prestia à la basse.
L’aventure millimétrée, entre soul vibrante et funk dansant, dure déjà depuis plus de cinquante ans. Il faut dire que la formation d’une dizaine de musiciens, selon les époques, sait comment mettre le feu sur scène. La section cuivre est retentissante et se forge rapidement une réputation qui dépasse ses frontières. Santana, Elton John, Ray Charles, Eddy Mitchell ou encore les rockeurs d’Aerosmith, tous ont reconnu l’ingéniosité de ces maîtres des vents, collaborant avec eux le temps d’un album ou d’un titre. Quant à Prestia, qui a accompagné le groupe pendant presque toute son épopée, son slap puissant peut faire vibrer les morts quand ses dead notes rendent tout simplement le funk létal. Un mélange intense et énergique qui réveille les foules et secoue les âmes.
Depuis sa création, la formation se réinvente en intégrant certains des artistes les plus doués de leur génération. Ce fut le cas avec le chanteur Lenny Williams qui apporta au groupe son heure de gloire dans les seventies. Et ça l’est toujours grâce au colossal interprète de Memphis Marcus Scott qui marche droit dans les pas d’un James Brown ou d’une Aretha Franklin. Avec son dernier album, Step Up, le groupe montre une nouvelle fois qu’il est capable d’innover, produisant cette fois une soul music urbaine qui ne déroge pas aux émotions fortes de ses racines.
Quand Emilio Castillo fonde son groupe et commence à recruter des talents près d’Oakland, il nomme sa bande The Motowns et se promet une chose : il jouera très bientôt au Fillmore Auditorium de San Francisco. Mais avec un nom pareil, difficile d’atteindre cet objectif. Le groupe choisit alors Tower of Power dont l’acronyme est TOP ! Un nom qui est finalement resté pour les cinquante années suivantes.
En 1970, le chanteur Lenny Williams entre dans la danse et c’est le début de succès stratosphériques pour le groupe. En 1973, leur album éponyme contient trois petites bombes : So Very Hard to Go qui se classera dans le top 10 de nombreuses radios de la West Coast, This Time It’s Real et What is Hip ? qui reste sans doute à ce jour le single le plus connu de Tower of Power. En 1974, le groupe prend un virage plus funk avec Urban Renewal qui confirmera leur immense succès. Au sommet de leur carrière Lenny Williams quitte le groupe qui restera très populaire mais sera dès lors moins diffusé sur les ondes.
La liste des collaborations de Tower of Power est bien plus longue que les bras de tous ses membres réunis. Mais dans les années 90, c’est sir Elton John en personne qui leur propose de prendre part à son album Duets. Et six ans plus tard, c’est avec le plus américain des frenchies qu’ils collaborent sur l’album Les Nouvelles Aventures d’Eddy Mitchell.
En 2017, coup dur pour la bande d’Oakland. Deux de ses membres, le batteur de longue date David Garibaldi et le bassiste Marc Van Wageningen sont percutés par un train. Un accident dont ils réchappent miraculeusement et dont ils mettent de très longs mois à récupérer. Mais cela n’arrête pas Tower of Power qui sort pour ses 50 ans Soul Side of the Town (2018) puis le très bon Step Up (2020) auquel prend part le jeune chanteur bourré de talent Marcus Scott.