En France, sans être inconnu, son nom n’est pas familier de tous. Mais outre-Atlantique, dans le pays qui l’a vu naître et grandir, Tom Petty est passé du statut de star discrète à celui de monument du rock. En quarante ans de carrière et jusqu’à sa récente disparition en 2017, il a composé un nombre incalculable de tubes et vendus plus de 80 millions d’albums. Portrait d’un doux rebelle !
Visage taillé au rasoir contrastant avec ses yeux bleu azur, Tom Petty est de ceux qui résistent quand dans les années 70, la new wave et le punk embarquent tout sur leur passage. Avec quelques autres auxquels il sera très souvent comparé, Bruce Springsteen en tête, il résiste debout dans la tempête. Mieux, il s’impose rapidement comme un artiste discret mais incontournable, un artiste qui sublime les traditions avec une fraîcheur nouvelle. Et sans jamais en faire trop, qui enchaîne les chefs d’œuvre sans prétention avec précision et délicatesse.
Avec ou sans The HeartBreakers, l’un des meilleurs backingband de l’histoire du rock, mais toujours accompagné de son camarade Mike Campbell à la guitare, il s’inspire de ses modèles. Les Stones, forcément. Dylan, évidemment. Mais aussi des Kinks, du blues nostalgique de Johnny Cash et de ses influences sudistes, Little Richard et Muddy Waters en tête. Learning to Fly, Don’t Come Around Here No More, Refugee, dans chacun de ses tubes se cache un hommage en filigrane. Car Tom Petty ne s’est jamais revendiqué visionnaire. En revanche, il est redoutablement efficace.
Mais ce qui le distinguait des autres ne se voyait pas forcément sur scène. Droit dans ses bottes, entêté, généreux, il ne se laissera dicter sa conduite par aucun label, aucune maison de disques. Teigneux, il préfère tout envoyer balader ! Comme lorsqu’il écrasera sa main, de rage dans un mur devant l’imperfection d’un album en préparation. Car derrière ses grands yeux bleus et son apparent calme, Tom Petty, fils de prolo, ne s’est jamais laissé dicter sa conduite !
A dix ans, le jeune Tom, né dans une famille modeste à Gainesville en Floride, rencontre celui qui va changer sa vie. Le King Elvis en personne, alors de passage pour un tournage dans sa ville. C’est décidé, il veut être chanteur de rock !
Pourtant, ce n’est qu’à presque trente que l’artiste finira par percer ! En 1979, il sort son troisième album, l’excellent Damn The Torpedoes. Les tubes pleuvent et envahissent les ondes comme le célèbre The Refugee. Tom et les Hearthbreakers, avec leurs sonorités venues tout droit du sud, n’ont désormais plus rien à prouver !
Tom Petty s’est depuis longtemps hissé au niveau de ses idoles et les accompagne régulièrement sur scène ou en studio, de Johnny Cash à Bob Dylan. En 1988, il rejoint pourtant officiellement le club très fermé des grands du rock en formant avec Roy Orbison, George Harrison, Bob Dylan et Jeff Lynne le supergroupe The Traveling Wilburys.
Six ans plus tard, il signera l’un de ses plus grands succès, cette fois en solo. Wildflowers est considéré par beaucoup comme un chef d’œuvre, une merveille qui révèle toute la maturité sensible d’un artiste fougueux finalement rattrapé par le temps. Les récits sont résilients, l’acceptation mélancolique à souhait et le single éponyme touche à la perfection.
Quarante ans de carrière, ça se fête. Et c’était exactement ce que venait de faire Tom Petty, accompagné de ses amis de toujours des Heartbreakers à travers une tournée qui devait ensuite laisser place à un rythme moins effréné. Le chanteur prodige du rock venait également de produire un album pour Chris Hillman, l’ex-membre des Byrds qui avait énormément inspiré sa jeunesse. Certes, la boucle était bouclée, mais sa disparition soudaine a assurément tourné une page du rock des seventies.