Sur scène, c’est le feu. C’est d’ailleurs à ça que l’on reconnaît The Smashing Pumpkins, groupe de rock alternatif américain, qui a mis tout le monde d’accord dans les années nineties. Aujourd’hui, Billy Corgan et sa bande continuent de faire sonner leur gros son, entre tempêtes déchaînées et passages ramenant un calme bienvenue.
De cette époque-là, plusieurs phénomènes ont émergé. Au-dessus de la pile, trois groupes : Radiohead, Nirvana et The Smashing Pumpkins. Parlons du dernier. À Chicago, là où le lac Michigan se repose à longueur de temps, de jeunes énervés décident d’enfiler la guitare, de dompter les drums et de postillonner dans le micro pour dégainer un son puissant comme la foudre. Oui, ces banlieusards américains ont de l’énergie à revendre, étant presque prêts à casser le vacarme ambiant pour imposer une voix étrange, nasillarde et rauque, variable à souhait.
Ils se moquent de leurs détracteurs et de leurs ennemis. Ils sont plutôt là pour balancer leur mélancolie déchirée, leur désespoir de millennials et leurs hymnes de sorcellerie musclée qui font peur aux amoureux de la pop mièvre. The Smashing Pumpkins, c’est du lourd, du gros calibre, comme des éternels kids qui grandissent mais se fichent de devenir adultes. Leur vie est furieusement grunge, et c’est ça qui compte. Rien ne semble en mesure de les arrêter, même pas les guéguerres internes qui auraient mille fois pu les décimer pour de bon.
Car ils sont un paradoxe permanent : les mélomanes adorent les détester, leur rock bourrin se laisse parfois apprivoiser par quelques douceurs brutes et leur incapacité à trouver leur place dans la société contemporaine semble asseoir leur domination sur le monde. Alors sur scène, c’est tout ça qui nous explose intelligemment dans les tympans, et dieu que c’est une joie intense et impérissable.
Chicago, deux copains des Beaux-Arts partagent un même amour de la musique : ils décident alors de fonder The Smashing Pumpkins. Après trois ans de travail acharné, ils donnent naissance à Gish, un très bel album, adulé par le petit milieu de l’underground, mais submergé par la vague Nirvana.
Cette année-là, The Smashing Pumpkins frappent un grand coup avec un album influencé par David Bowie, qui va devenir un standard chez les amoureux de rock et de grunge : Siamese Dream. Beaucoup considèrent qu’il s’agit, encore aujourd’hui, de leur meilleur disque. Parlez-en au chanteur de Muse, c’est sûrement ce qu’il vous racontera !
C’est l’un des double-albums les plus vendus dans l’histoire du rock : Mellon Collie and the Infinite Sadness. Ça parle de peur, de mort, et ça dégage une rage que seul un Joe Strummer semble capable de contrer. C’est un énorme carton, et ça terrasse tout sur son passage. En témoigne le single apocalyptique Bullet with Butterfly Wings.
Après quelques séparations et reformations, The Smashing Pumpkins a toujours la même énergie qui coule dans les veines et la même rage qui fait battre les cœurs. Les hommes de Chicago présentent alors l’album au titre à quinze lignes : Shiny and Oh So Bright, Vol. 1 / LP: No Past. No Future. No Sun. NME écrira : « le rêve continue ».