Ils étaient à deux doigts de dominer le monde pour longtemps. Mais leur séparation a tout gâché, laissant un goût amer à tous les amoureux de hip-hop. Alors aujourd’hui, on se demande : que serait-il arrivé s’ils s’étaient bien entendus jusqu’au bout ? On vous laisse deviner.
Ils ont grandi à Brooklyn, mais bien plus encore : ils ont baigné dans une culture hip-hop qui n’avait à l’époque que quelques lieux underground pour s’exprimer. Alors, quand ces jeunes réfugiés ont commencé à s’y mettre, leur fougue et leur classe ont rapidement fait des étincelles, entre Amérique et Caraïbes. En moins de temps qu’il n’en faut pour composer un tube dans les studios du New Jersey, ils ont ainsi donné vie à des classiques, inspirant toute une génération d’apprentis sorciers au flow chaud.
Abonnés aux tensions internes et aux crises de confiance, The Fugees est un truc à part, loin du gangsta rap qui flingue fort de Dr.Dre ou de la pop fiévreuse. Ensemble, Lauryn Hill, Wyclef Jean et Pras Michel ont donc toujours été dans une sorte d’entre-deux, flirtant de près avec le reggae de leur idole : Bob Marley. Hors des ghettos, ces soldats du rap aux mélodies entêtantes et positives, proches des Black Eyed Peas et d’Outkast sur le plan artistique, se battent alors comme des tigres pour condamner un système auquel ils n’adhèrent pas et s’extraire au mieux des bastons permanentes entre la West et la East Coast. Le bling-bling, le fric, les guns : très peu pour eux.
Alors aujourd’hui, que reste-t-il de tout ça ? De formidables souvenirs, bien sûr. Des regrets, probablement. Mais surtout un rêve secret, que tous les amoureux de hip-hop ont dans un coin de la tête : une reformation, tout du moins une vraie, comme un amour retrouvé qui dure dans le temps. Car personne d’autre qu’eux ne sait aussi bien enflammer la scène, porter des messages d’espoir et sculpter des tubes aussi somptueux.
Il est un temps que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître. À l’époque, Pras Michel et Wyclef Jean n’ont aucune entrée dans le monde de la musique, mais ils le savent : ils sont faits pour le hip-hop. Ils rencontrent alors Lauryn Hill, par un intermédiaire, et créent The Rap Translator, qui deviendra bientôt The Fugees.
Sans rencontrer un immense succès en dehors de la scène underground, le disque Blunted on Reality est aujourd’hui reconnu comme un album clé dans l’Histoire du hip-hop. D’ailleurs, cet opus ne sera considéré comme tel que bien après, quand les Fugees auront marqué les esprits avec un autre album bien plus populaire, qui les hissera sur le toit du monde.
Ce disque marque l’apogée de leur carrière. Avec The Score, enregistré dans le Booga Basement, les Fugees envahissent les ondes et deviennent, un peu du jour au lendemain, les porteurs de drapeau d’un hip-hop optimiste. Plus tard, Slate écrira : « les Fugees délivrent ainsi un cri d'espoir pour ceux qui doivent survivre dans le ghetto ».
Difficile de savoir exactement d’où vient le clash, mais la rupture est consommée. The Fugees ne réapparaîtront plus ensemble, hormis pour quelques concerts furtifs. Récemment, certaines langues se délient, et c’est la paternité du fils de Lauryn Hill qui aurait causé la séparation du groupe. Alors, vont-ils se reformer un jour ?