« L’alchimie entre nous était si bonne que lorsque nous sommes sortis de scène, nous nous sommes tous dit : ça marche, nous devrions enregistrer ça », raconte le guitariste Guthrie Govan. Et c’est ainsi, après un concert quasi-improvisé, que naît le supergroupe The Aristocrats. Parce que ses musiciens, Guthrie Govan donc, Bryan Beller à la basse et Marco Minnemann à la batterie sont loin d’être des débutants. Au contraire, The Aristocrats serait même une Cadillac de luxe conduite par un trio à la technicité imparable, à la virtuosité stratosphérique, au talent démesuré. Des musiciens qui jouent régulièrement aux côtés de Joe Satriani, Steven Wilson, Dream Theater ou carrément pour Hans Zimmer.
Et quand on réunit autant d’ingéniosité et de dextérité au même endroit, forcément, les idées fusent. Si le rock les réunit, ces artistes inspirés partent rapidement dans toutes les directions, produisant de facto un style inclassable. Ici, les riffs sont lourds et implacables, là, les notes de jazz s’envolent pour toucher des sommets, plus loin, on entend une touche de flamenco… La création, l’audace et l’originalité sont permanentes et pour autant, le groupe ne perd jamais son public. Au contraire, il l’emmène exactement où il le souhaite, cassant parfois les codes pour ajouter un peu de fun dans une technique huilée à l’extrême.
En live, c’est carrément une démonstration à laquelle on assiste et les fans ne s’y trompent pas. Les yeux rivés sur les cordes, la concentration est maximale pour tout musicien qui se respecte. Mais loin d’être seulement un spectacle pour passionnés, les concerts de The Aristocrats sont aussi de grands moments de partage. Entre chaque morceau, l’un des trois compères prend la parole, assaisonnant le concert de blagues plus ou moins réussies et d’anecdotes croustillantes, parfois interrompus par un « shut up and play » qui amuse toute la salle. Parce que oui, on peut être musicien prodige, avoir un second degré détonnant et conquérir les foules !
En janvier 2011, Guthrie Govan remplace au pied levé le guitariste Greg Howe qui devait jouer un concert unique en compagnie de Marco Minnemann et Bryan Beller. Une répétition plus tard, le groupe entre sur scène, puis en sort complètement transformé. Entre ces trois-là, et à leur grande surprise, l’alchimie est plus qu’évidente. C’est comme s’ils avaient été formés dans la même matière, chacun apportant aux autres ses influences. Malgré leurs divers projets, ils décident de poursuivre l’aventure. The Aristocrats est né et sortira son premier album éponyme la même année, acquérant instantanément une belle renommée chez tous les addicts de la virtuosité.
Entre albums live où ils excellent et passages en studio pour coucher leurs nouvelles lubies créatives sur des albums toujours plus attendus, le supergroupe trace son chemin malgré les projets des uns et des autres. En 2015 sort déjà leur troisième album, Tres Caballeros, où les ambiances se mêlent avec douceur et avec la précision à laquelle ces musiciens joailliers nous ont habitués. Dans la foulée, ils partent dans une tournée mondiale où, comme à leur habitude, leurs prestations font penser à ces soirées où l’on va taper un bœuf entre amis. Sauf qu’évidemment, avec ces trois-là, le bœuf est d’un niveau encore jamais vu !
Après une pause pour se consacrer à leurs projets personnels, un quatrième album en 2019 intitulé You Know What… ?, The Aristocrats revient avec un nouveau concept. En s’associant au Primuz Chamber Orchestra basé en Pologne, ils surprennent une nouvelle fois leur monde avec The Aristocrats With Primuz Chamber Orchestra. L’album est suivi d’une nouvelle tournée mais sans l’orchestre, ses arrangements complexes ne permettant pas une prestation live de la qualité à laquelle le trio a habitué son public. Ce sera donc ces trois virtuoses, de nouveau sur scène, et croyez-nous, c’est déjà amplement suffisant.