Suzanne Vega a connu la gloire. Pourtant, elle reste la même : sa sincérité habite ses compositions, laissant la mélancolie se balader librement entre les buildings de New York. Car derrière son folk mélodieux et poétique, la songwriter américaine ne ment jamais.
Sa guitare sèche mouille nos yeux. Ses nostalgiques mélodies promènent un folk engagé. C’est une évidence qui ne s’estompe pas avec le temps : Suzanne Vega, conteuse d’histoires mélancoliques, brille toujours de mille feux. Textes millimétrés, chansons calmes. La songwriter américaine, la liberté au cœur, a certes laissé l’insouciance de sa première jeunesse au placard, mais sa sincérité d’âme et la subtilité de ses ballades minimalistes paraissent incorruptibles.
Fragile sur le papier, elle éveille pourtant les consciences avec force et convictions. Elle respire ses paroles, amplifie la clameur de ses cordes et enchaîne les disques. Suzanne Vega fait résonner avec simplicité les tubes élégants qui ont forgé sa réputation. Car la discrète diva, inspirée et inspirante, a toujours cherché à rebattre les cartes. A l’image de son single Luka, qui aborde avec courage le thème de la maltraitance des enfants, qui sera nommé trois fois aux Grammy Awards et remportera le MTV Music Award du meilleur clip féminin.
En étant l’une des compositrices les plus en vue de sa génération, Suzanne Vega poursuit ainsi une échappée belle aux allures universelles, donnant une place de choix à la vie citadine et au gens ordinaires. Légère, elle saupoudre délicieusement son folk de mille nuances, allant même jusqu’à épouser la silhouette d’une bossa nova qui a bercé son enfance à vagabonder dans le quartier de Spanish Harlem, haut lieu de la culture latine à New York. Aujourd’hui, c’est donc une grande dame de la musique qui se présente sur scène, sublimant avec exigence, simplicité et poésie, les histoires, parfois malheureuses, qui s’écrivent devant ses yeux.
Elle a apprivoisé la musique en s’inspirant de Leonard Cohen et de Lou Reed. Après quelques concerts dans les clubs de GreenWhich Village, et à l’issue de ses études en littérature, la songwriter décroche alors un contrat avec le label A&M Record. Elle se met à enregistrer son premier disque, qui sortira l’année suivante !
Suzanne Vega présente Solitude Standing, son second disque. Le monde découvre alors une artiste engagée et enivrante, qui laisse traîner Luka et Tom’s Diner, reprise par les producteurs DNA, sur les ondes des radios des cinq continents. Bien loin des cafés et des clubs de ses débuts, la songwriter américaine atteint les sommets , décrochant trois nominations aux Grammy Awards et le MTV Music Video Award du meilleur clip féminin. Petite anecdote : cet album sera même utilisé par le chercheur allemand Karlheinz Brandenburg pour ses travaux de recherche qui aboutiront au développement d’un fichier numérique inédit : le MP3.
À l’aube de son quatrième album, intitulé 99.9F°, Suzanne Vega rencontre Mitchell Froom, producteur de Los Lobos et d’Elvis Costello. S’il deviendra son premier mari, l’artiste américain lui apporte surtout un second souffle pour aller chercher, encore et toujours, des ambiances nouvelles et novatrices.
C’est ce que l’on appelle un long passage à vide. Suzanne Vega semble conjuguer sa gloire au passé, faisant face, dans l’incertitude, à la fin d’un âge d’or. « Je me suis faite virer de ma maison de disque, et la crise économique est arrivée, dit-elle. Avant, on me payait pour écrire des chansons. Là je devais écrire des chansons pour me payer ». Mais une grande dame du folk remonte toujours la pente. Elle pose tout à plat et revient, quelques années plus tard, avec le somptueux Tales from the Realm of the Queen of Pentacles.