Cheveux gominés, bras tatoués et fringues en cuir : les Stray Cats, dandys des eighties, ont toujours le rockabilly dans la peau. Après un break d’une vingtaine d’années, les trois irrésistibles renfilent donc les Creepers pour donner du swing à notre insouciance de l’époque.
Les amoureux de rockabilly s’en lèchent les babines : les Stray Cats sont dans la place, prêts à dégainer leurs mélodies errantes les plus folles. On laisse le has-been au placard : les trois intrépides de New York, expatriés à Londres pour capter la lumière des projecteurs, révèlent toujours une énergie enflammée et un jeu de scène contagieux. Un tantinet bad boys, ils explorent ainsi à fond la caisse le Minnesota d’Eddie Cochran, déambulent dans le Mississippi du King et vagabondent sur les routes de Tennessee, chères à Carl Perkins.
Grands écarts, riffs griffés. Les Stray Cats, rockeurs au cœur d’artichaut et à la mèche banane, gardent la pêche pour proposer, le smile flanqué au visage, un show survitaminé. La recette a fait ses preuves, sucrée de bonne humeur, épicée d’audace. C’est d’ailleurs avec ces ingrédients que la bande de Brian Setzer a conquis l’Europe, au début des eighties, renvoyant dans les cordes une Angleterre n’ayant d’yeux que pour la nouvelle vague à la crête punk.
Bim, les Stray Cats ont secoué le cocotier, et ils en ont récolté les fruits. Ils ont même fini avec les groupies aux trousses, prêtes à griffer d’amour leur blouson de cuir sans manche. Est-ce le retour de bâton d’un rock’n’roll exalté ou l’effet inattendu de la gomina ? À voir l’effet de leurs mélodies sur la foule d’aujourd’hui, penchons plutôt pour la première option. Car en revisitant, du bout des cordes, les codes d’un bon vieux rockabilly à l’ancienne, les éternels kids d’Amérique font toujours swinguer les corps.
À New York, leur son provoque l’indifférence. Les trois audacieux décident alors de traverser l’Atlantique, direction Londres, où ils espèrent percer. Il ne leur faudra que quelques mois, au pays du fish & chips, pour séduire des adolescents déchainés avec un rockabilly énergique et bien ficelé.
À peine deux ans après leurs débuts, les Stray Cats envahissent les charts avec leur premier album. La mode est désormais aux fifties, comme pour mieux contrer les élans punks et cold wave. L’Europe est sous le charme, les médias aussi. En témoigne Alain Wais, alors journaliste au Monde : « ils sont jeunes, plutôt beaux, ils ont des gueules, et du talent à revendre ».
Devant une scène anglaise survoltée, où les merveilles se succèdent, les Stray Cats perdent leur élan. Le groupe décide alors de se séparer. Brian Setzer, Lee Rocker et Slim Jim Phantom restent copains et profitent de la fin de l’aventure pour voguer vers d’autres projets. Brian Setzer connaîtra d’ailleurs quelques jolis succès au cours des années 90, avec de beaux albums solos et deux Grammy Awards à la clé.
À l’occasion, les trois dandys se retrouvent pour partager la scène. Au cours de l’année 2004, ils organisent même une tournée en Europe, comme pour faire renaître les beaux souvenirs et la puissance de leurs tubes d’antan. Les groupies ne les ont pas oubliés.
Les groupies de l’époque ont désormais des kids et les cheveux gris, mais leur euphorie reste adolescente quand elles apprennent le retour des Stray Cats et la parution d’un nouveau disque. Les fondations sont les mêmes qu’à l’époque : un rockabilly enthousiaste et dansant, qui met K.O prises de tête et pessimisme.