Dreadlocks, chaînes en or et lunettes fumées : sous son apparat bling-bling, Snoop Dogg est devenu, à mesure que les albums naissent, le maître absolu de la scène rap et hip-hop de la West Coast. Il est aujourd’hui le maillon fort d’un état d’esprit musical qui a tout emporté sur son passage.
Snoop Doggy Dogg. Le natif de Long Beach, dans la banlieue de Los Angeles, a tout connu : les guerres de gangs, la taule et, bien au-dessus de tout, le succès à l’échelle planétaire. Il faut dire que le rappeur californien, adepte de la fumette à usage récréatif et provocateur intelligent, a toujours manœuvré comme un chef pour se faire une place dans l’ascenseur social et descendre à l’ultime étage : le toit du monde. Avec son flow nonchalant, médiane entre paresse et révolte habile, Snoop se veut ainsi l’Atomic dog de la street.
Car si les grosses bagnoles, les bikinis légers et les montres dorées auraient pu altérer son jugement, l’enfant d’une Californie cosmopolite n’a pas oublié d’où il vient. Dans son style caractéristique, il met ainsi un point d’honneur à ne jamais travestir son naturel. Comme beaucoup, Snoop a eu mille occasions de se perdre dans les entrailles de la gloire, de se laisser aller à la facilité d’un hip-hop radio-compatible ou de se faire draguer par une pop frivole. Mais hors de question ! Choquer en bling-bling, avec audace, humour et dérision, et déchaîner les foudres des censeurs restent son leitmotiv préféré. C’est une évidence : le feu de la rampe a simplement amplifié sa flamme intérieure.
Oui, cet amoureux de basketball, catapulté par la légende Dr.Dre, dieu par nature de la culture rap US, a contribué à changer le monde. Depuis la West Coast, il a tout osé, allant jusqu’à s’opposer frontalement à l’administration de Donald Trump, à défendre corps et âme la communauté afro-américaine et à se battre à balles à blanc contre les injustices de son pays, l’un des plus inégalitaires de la planète. Alors quand le fauve californien monte sur scène, ce n’est pas simplement un rappeur au collier d’or qui se présente, mais une grosse pointure de notre époque !
Repéré par le demi-frère de Dr.Dre, le jeune Snoop Dogg est invité à participer à la bande originale du film Deep Cover. Son talent et son style singulier impressionnent déjà. C’est donc tout naturellement qu’après cette expérience fructueuse, Dr.Dre, ancien membre de N.W.A, demande au rappeur de Long Beach de le rejoindre en studio pour contribuer à l’enregistrement du légendaire album The Chronic, qui paraîtra l’année suivante.
Pour bien commencer une carrière, Snoop Dogg a trouvé la solution : finir en tête du BillBoard 200 dès la sortie de son premier album ! Emballé, c’est pesé : le rappeur américain cloue le bec du monde entier avec le disque Doggystyle, incluant les tubes, aujourd’hui connus de tous, What’s my name et Gin and Juice. Pour les adultes, on vous conseille d’ailleurs de jeter un œil à la traduction du titre de l’album. Petit indice : c’est de l’argot américain.
Connu comme le loup blanc aux US, Snoop Dogg, marqué par la mort de Tupac, cherche à explorer de nouveaux horizons. Il en profite pour sortir, à seulement 28 ans, son autobiographie et pour s’intéresser au cinéma. Détesté par une partie de la classe politique (rien d’étonnant), il attendra l’année suivante pour sortir Paid tha Cost to Be da Bo$$, son sixième album sur lequel apparaîtra Pharrell Williams, alors leader des Neptunes.
Quitte à déboussoler certains fans de la première heure, Snoop Dogg ose franchir le pas. Le risque est son moteur. Alors, pour la première fois, l’artiste américain bascule vers le reggae. Pour aller jusqu’au bout de l’expérience, il ira même jusqu’à voyager en Jamaïque quelques mois avant d’entrer en studio, comme pour s’imprégner de l’air pur des terres de Bob Marley. Il reviendra aux sources deux ans plus tard, avec l’excellent album Bush.
Après une courte escapade vers le gospel, comme pour rendre un hommage appuyé à son enfance, Snoop Dogg is back avec l’album I wanna Thank Me. De grande qualité, le disque, miroir d’une carrière, est salué par la critique, comme en témoigne la chronique du Mouv’ : « beats laid back, basses bien rondes ou élastiques, on navigue avec plaisir sur les ondes délivrées par Snoop ».