Sergio Mendes, c’est un destin comme on n’en voit qu’un par génération. Une influence planétaire qui n’aurait sans doute jamais existé sans un coup d’État. Un seul homme qui a su convaincre le monde de chanter en portugais et qui a réussi à donner au Brésil la place qu’il mérite dans la grande fête musicale planétaire. Un parcours de 60 ans sans fausse note. Et surtout, une envie toujours présente malgré les rides qui se creusent au fil des années.
L’histoire aurait peut-être été différente sans ce coup d’État, en 1964, qui pousse Sergio Mendes à quitter le Brésil pour les États-Unis. Mais vu le génie de l’artiste, on en doute un peu ! Quoi qu’il en soit, c’est à Los Angeles que depuis plus de 60 ans, le chanteur et pianiste produit une musique à mille lieues des clichés exotiques. Au contraire, Sergio Mendes est un révolutionnaire !
Mais sa révolution à lui se joue dans le plaisir, dans le partage et dans le renouvellement. Dès ses débuts, il expérimente et mixe le jazz qu’il affectionne tant à une pop dansante. Le mélange est explosif et la bossa nova devient un genre musical qui suscite un engouement mondial dans les années 60. Sergio Mendes en est l’un des pères fondateurs, mais ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
Déjà inscrit dans la légende, il n’aura de cesse de faire entrer les sons brésiliens par la grande porte de l’industrie musicale. Aux côtés d’autres noms mythiques, Frank Sinatra, Stevie Wonder, Will.i.am, pour ne citer qu’eux, il puise dans ses racines et traverse les générations pour réinventer une pop pleine de joie de vivre et d’allégresse. Une pop aux accents brésiliens qui fait danser à chaque nouvelle note et qui plonge son public dans un esprit festif qui semble éternel.
Sergio Mendes, c’est une vocation. Dans sa jeunesse, il voulait devenir pianiste classique avant que le jazz ne touche son cœur et que la bossa nova ne l’emporte complètement. L’artiste joue dans des clubs avant de connaître le succès en 1966 avec ce concept mélangeant les sonorités latines et des chants en anglais. Son groupe, Brésil 66, explose soudainement les charts avec le tube de l’écrivain Jorge Ben, Mas que Nada. A partir de là, la carrière de Sergio Mendes s’envole et deux ans plus tard, c’est en solo qu’il percera avec son interprétation de The Look of Love qui sera nominé aux Oscars.
Portant la voix du Brésil à travers le monde, les années 70 et 80 n’ont pas vu la popularité de Sergio Mendes bouger d’un iota. En cause certainement sa musique généreuse et son ouverture sur les sonorités urbaines, hip-hop mais aussi sur la musique traditionnelle brésilienne que lui seul sait mixer à la perfection. En 1993, cette reconnaissance mondiale se concrétise enfin par le Grammy Award du meilleur album de musique du monde pour Brasileiro qui explore le Nordeste brésilien tout en faisant de savants détours par le rap local. Une récompense bien méritée pour celui qui a déjà écrit l’histoire.
Alors que l’artiste s’était retiré depuis une dizaine d'années, un jeune chanteur vient frapper à sa porte, une pile de ses disques sous le bras. Complètement fan de sa musique, il lui demande de venir enregistrer sur son album. La suite de l’histoire est connue. Ce chanteur, c’est Will.i.am et avec les Black Eyed Peas, Sergio Mendes va remixer la chanson qui l’a rendu célèbre. Une nouvelle fois, Mas que Nada fait le tour des ondes. Une nouvelle fois, l’artiste brésilien revient sur le devant de la scène pour livrer son génie créatif.
En 60 ans de carrière, Sergio a certainement trouvé le secret de la joie sans limite qu’il partage sur scène. De cette générosité et de cette chaleur qui font danser en rythme toute une planète. Cet esprit festif, il le partage à travers In the Key of Joy, sorti en 2020. Un album qui le fait « sortir de ma zone de confort et essayer des choses que je n'ai jamais faites auparavant ». En s’associant au rappeur Buddy, il explore autant les vibrations brésiliennes classiques que les beats hip hop et contemporains. Une nouvelle fois, cet auteur exceptionnel montre la richesse de tout son spectre musical.