Révélation de Woodstock, Carlos Santana a construit sa vie au rythme d’un rock épicé et imprégné des couleurs suaves de la musique latine. Avec ses grandes envolées de guitare, c’est une certitude : ce philanthrope, influencé par John Coltrane et Miles Davis, n’a pas fini de planer.
« Si tu sais parler aux oiseaux, tu sauras parler aux hommes ». Cette phrase lumineuse, soufflée par son père, résonne chaque jour dans la tête de Carlos Santana. Certes, impossible de vérifier si ses envolées de guitare touchent les gardiens du ciel. Ce que l’on sait, en revanche, c’est que ce chicano californien, avec des sonorités aux mille couleurs, a bouleversé les âmes libres et doucement révoltées de Woodstock. Car ce jour d’été 1969, le pape du latin-rock, alors inconnu au bataillon, a vaincu et convaincu, hypnotisant avec grâce une foule à perte de vue. Vol plané au-dessus des cordes : avec sa Gibson aux yeux de serpent, c’est une évidence aux yeux du monde : ce mec est un génie.
Depuis, le guitariste a cimenté son statut de surdoué du rock. Les drogues en moins, la sagesse en plus, l’enfant de Jalisco, arrivé aux States à l’adolescence, n’a jamais eu l’intention de se reposer sur ses lauriers. La musique est sa vie, son œuvre, sa foi et il défie le temps et les étiquettes pour sculpter des sons empreints d’innovation.
Quand on vous dit que Santana est à part, ce n’est pas qu’une formule de style. Ses envolées instrumentales sont ses prières, ses excursions musicales en terres latines, son rituel. Nourrit à la spiritualité, ce génie du rock, adulé par la presse, idolâtré par le public, mélange les influences à mesure que les peuples se rencontrent. L’Amérique du nord embrasse le Mexique dans une utopie où les êtres cohabitent, quelle que soit leur couleur de peau.
Au pays du peace and love, Santana met une claque au monde. Avec de la mescaline dans les veines, le guitariste combat ainsi ses hallucinations à coups d’audace et d’extase. La foule apparaît comme un océan de chair, sa guitare, comme un serpent agité. La prestation met tout le monde par terre : en quelques minutes, Santana a écrit la légende.
Après quelques voyages en terres psychédéliques et une popularité au beau fixe depuis Woodstock, Santana revient avec un album mélodieux qui va faire du bruit. Le disque Amigos, enregistré à San Francisco, est un énorme succès. Les critiques sortent les éloges. C’est la confirmation que le coup d’éclat de ce jour d’été 1969 n’était pas un accident sans lendemain.
Trente ans après Woodstock, Carlos Santana confirme une chose : il préfère le soleil à l’ombre. Son disque Supernatural connaît un succès monumental, en partie grâce à l’excellent morceau Maria Maria. Une pluie de Grammy Awards s’abat sur le guitariste de Californie.
Là, alors qu’il reste figé devant La Joconde, Mona Lisa lui aurait parlé. C’est en tout cas ce qu’affirme Carlos Santana à la presse. « Elle m’a demandé si je me souvenais de l’époque où nous étions amoureux, j’ai répondu oui », confie-t-il aux journalistes. Est-ce vrai, ou son imagination débordante lui joue-t-elle des tours ? C’est un mystère. En tout cas, en ressort un mini-album majestueux, intitulé In Search Of Mona Lisa.