Est-il le pape ou le dieu du rock ? À vrai dire, qu’importe le qualificatif utilisé, car Robert Plant, maître à penser de Led Zeppelin, est définitivement l’homme qui a mis sur orbite un rock qui brille à jamais dans le ciel tumultueux de la musique moderne.
Avec sa chevelure longue et bouclée, le chef d’équipage de Led Zeppelin, alchimiste de l’étrangement beau, a toujours suscité une admiration mystique. S’il a définitivement tourné la page des seventies, cette époque où son ami Jimmy se chargeait des backs sous sa voix aiguë, le virtuose de Kidderminster compte bien encore écrire de beaux chapitres dans le livre épais d’une vie passée à fouler des terres sonores inconnues.
La facilité est son antipode. Car lui préfère explorer des sonorités d’ailleurs, celles qui romancent un monde en mouvement et qui se greffent, avec une précision chirurgicale, à l’intemporalité du rock. Il aime braver l’interdit et déboussoler ses admirateurs, allant jusqu’à croiser des influences que seul lui peut maîtriser à la perfection. Il épouse le blues, drague le hard rock et ose même faire des infidélités aux sonorités psychédéliques qui ont forgé sa gloire, leur préférant parfois le souffle juvénile du trip-hop ou les couleurs mêlées de l’Irlande et de l’Orient. C’est un joli melting-pot. Impossible de rester en place, Robert Plant bondit comme un tigre dès que l’inspiration l’amène à arpenter de nouvelles contrées.
Alors que les Yardbirds connaissent un passage difficile, Jimmy Page fait la rencontre de Robert Plant. À ce moment-là, ils ne le savent pas encore, mais s’écrivent les premières lignes d’un projet qui va changer le monde de la musique : Led Zeppelin. Dès l’année suivante, le groupe prend d’assaut les oreilles du globe, laissant parfois les critiques statiques, ne sachant pas toujours sur quel pied danser face à cet ovni des temps modernes.
Led Zeppelin est sur le toit du monde. Chaque album donne naissance à l’euphorie des foules et à des tournées titanesques. Mais, alors que le groupe décide de fonder sa propre maison de disque, Robert Plant est victime d’un terrible accident de voiture. La mort de son fils, quelques mois plus tard, l’atteint en plein cœur. Pour lui, l’aventure s’arrêtera là, malgré un rapide retour en 1979.
L’amitié résiste à tout, et ce n’est pas la fin de Led Zeppelin, en 1980, à la suite du décès de John Bonham, qui entravera la complicité entre Robert Plant et Jimmy Pages. Au contraire. Cette année-là, ils vont même se retrouver pour enregistrer le disque No quarter et entamer une tournée mondiale.
Après le succès de son disque Mighty ReArranger, où il s’aventure sur les terres africaines avec des sonorités empruntées à la musique électronique, Robert Plant is back avec un album de reprises qui va faire trembler les Grammy Awards : Raising Sand. Cette année-là, et c’est bien rare, l’artiste va glaner quatre récompenses, dont celui d’album de l’année. Qui d’autre peut se vanter d’un tel exploit, près de trente ans après ses premières scènes ?
Désormais, sur scène, Robert Plant a une armée de dix musiciens à ses côtés. Parmi eux : Justin Adams et Cast. Ensemble, ils enregistrent d’ailleurs un merveilleux album, en 2017, intitulé Carry Fire et reçu avec les ovations du public et des critiques anglais. Avec Robert Plant, ça en deviendrait presque une habitude.