Guitariste de Rage Against the Machine, Tom Morello avait déjà marqué l’histoire du metal avec une rage débordante et des messages politiques sans ambiguïté. Mais en 2016, quand la prophétie annoncée dans le clip de Sleep Now in the Fire (1999) se réalise et que Trump accède à la Maison Blanche, le guitar hero ne peut se retenir plus longtemps. La colère explose et c’est évidemment en musique qu’il l’exprime.
Il rassemble alors ses ex-compagnons Tim Commerford et Brad Wilk et embarque dans son combat DJ Lord et Chuck D. de Public Enemy ainsi que B-Real de Cypress Hill. Pas un supergroupe à la frontière entre hip-hop et metal mais comme le revendique Morello « une force d'intervention d'élite de musiciens révolutionnaires déterminés à combattre cette montagne de merde d'année électorale ». Prophets of Rage était né, le ton était donné et le groupe ne comptait pas faire dans la dentelle.
Leur résistance est électrique, leurs mots sonnent comme des uppercuts. Le message est clair : le monde de Trump, ils n’en veulent pas et ils ne sont pas prêts à lâcher le morceau. A coup de gros riffs et de salves hip-hop bien placées, ils éveillent les consciences avec des compositions en forme d’appel à la lutte populaire et au soulèvement. Ce qu’ils veulent, c’est un pays libéré du racisme et des inégalités. Si cela doit passer par la révolution, ainsi soit-il ! Et ce qu’on peut dire, c’est que leur public est chaud bouillant. Ca jump en rythme au son de la batterie, les pogos et les circles pit s’enchaînent et on ne sort de la fosse qu’éreinté et en sueur. Une aventure hyper intense qui s’est achevée en 2019, l’ouragan passionné Zach de la Rocha ayant finalement décidé de reprendre sa place de tôlier au sein de Rage Against the Machine, devenu entre-temps quasiment mythique.
En écho au slogan de Trump « Make America Great Again », Prophets of Rage, à peine formé, se lance dans une tournée pour faire résonner sa fureur à travers les Etats-Unis. Make America Rage Again promet, si ce n’est de soulever les foules, de les faire se défouler sur les titres qui ont fait la renommée de Rage Against The Machine et de Public Enemy et qui sont encore tristement d’actualité. Et si les cris féroces de Zach de la Rocha manquent à l’appel, l’engagement de B-Real et Chuck D. leur donnent un nouvel écho.
Très attendu par leurs fans déjà nombreux, le groupe fraîchement formé sort un album éponyme. Ce sera le premier et le dernier, même si un second opus a été longuement attendu. Prophets of Rage donc, en référence au titre d’une chanson de Public Enemy, est une déferlante de revendications. De Unfuck the World et le légendaire « No Hatred, Fuck Racists » qui ouvre la chanson à Hail to the Chief qui est un doigt tendu bien haut à toute l’administration Trump.
Il y a des groupes et des musiciens tellement emblématiques que peu importe le nombre d’années passées, peu importe les tendances, ils restent éternellement attendus par le public. Alors quand Zach de la Rocha accepte enfin de reformer la légende Rage Against the Machine, Prophets of Rage ne peut que s’incliner devant l’effervescence qui gagne toute la planète metal. Une histoire se termine, une autre se poursuit, mais la rage, elle, reste intacte.