Ozzy Osbourne est un chat à neuf vies, un phénix qui renaît toujours de ses cendres. Leader incontesté de Black Sabbath, il explose en solo avec ses titres teintés de pop, devient le héros de sa propre série de téléréalité et fait régulièrement la une des tabloïds pour ses frasques parfois à la limite de l’imaginable.
Parce qu’Ozzy Osbourne, en devenant le Prince des Ténèbres, a dû perdre quelques valeurs morales. Il construit ainsi sa légende sur deux décapitations. La première est celle d’une colombe dont il arrache la tête avec ses dents au beau milieu de sa maison de disque. La seconde, une chauve-souris qu’il dit avoir pris pour un jouet en plastique et que l’un de ses fans a jeté sur scène lors d’un concert. Oui, Ozzy Osbourne est un grand malade. Mais doit-on le réduire à cela ?
La réponse est non, bien évidemment. Car s’il a construit son personnage de Prince des Ténèbres à partir d’évènements sulfureux, la réalité est bien plus nuancée. Régulièrement accusé par des parents inquiets d’insuffler le diable dans leurs enfants, il n’a en fait pas grand-chose d’un sataniste, refusant catégoriquement de jouer dans les festivals que ces derniers organisent. Et si les textes de Black Sabbath étaient sombres, écrits pour faire peur, ils s’inspirent en fait de l’imagerie biblique.
Ce qui est certain en revanche, c’est qu’il a su s’attirer les faveurs du grand public. En révolutionnant le metal par son chant clair, parfois nasillard, avec Black Sabbath en début de carrière, il a gagné son respect. En conservant sa hargne et en passant à la pop en solo, il a libéré son énergie. Et en s’installant dans les salons de tous les américains, présentant la vraie vie d’une rockstar avec femme et enfants, il est définitivement devenu un emblème devant lequel même Marilyn Manson fait pâle figure. Et à plus de 70 ans, il n’en a toujours pas fini avec la musique, livrant dernièrement son premier album depuis plus de 10 ans. Qui sait quel projet à moitié taré Ozzy nous réserve encore pour l’avenir ?
Tout avait pourtant bien commencé. Pionniers du heavy metal, Black Sabbath fait fureur avec ses riffs bien lourds et ses textes hyper sombres. Leur premier album connaît un succès immédiat qui ne retombera jamais. Mais en 1979, Ozzy Osbourne, leader pourtant charismatique et figure de proue du groupe, est remercié. En cause ? Ses problèmes d’addiction qui mettent régulièrement en péril les tournées ou les enregistrements du groupe. Après avoir connu la gloire, Ozzy touche le fond.
La renaissance de l’artiste arrivera à travers une femme, Sharon Arden qui décide de l’aider avant qu’ils ne tombent amoureux et se marient. Elle le remet sur la voie des studios dès 1980, cette fois-ci en solo. Le son est moins saturé, plus radio-friendly et si certains albums ne font pas l’unanimité parmi les critiques, No More Tears, sorti en 1991, sera un vrai succès.
52 épisodes diffusés sur trois ans sur MTV. Voilà ce dans quoi s’engage Ozzy quand il signe pour une émission de téléréalité qui le suit, ainsi que sa famille, au quotidien dans sa maison de Los Angeles. Bien que critiqué pour son langage grossier (on ne change pas le Prince des Ténèbres si facilement), l’émission cartonne et ouvre la voie à de nombreuses autres. Et si le chanteur a encore une fois choqué une partie de ses fans qui n’aiment pas trop ce voyeurisme, il est désormais connu de tous. Et les ventes de Black Rain, sorti en 2007 confirmeront cette notoriété croissante. Il se classe troisième du Billboard et marque sa plus grande réussite commerciale.
Une décennie sans passer par la case studio. Ses fans commençaient à désespérer mais le Madman ne lâche rien et fait encore une fois un comeback fracassant. Avec l’étonnant Ordinary Man, il surprend tout le monde en s’offrant un magnifique duo avec Elton John dans une ballade rock. Mais également avec le rappeur Travis Scott dans Take What You Want aux sonorités fatalement urbaines. Ozzy Osbourne n’est décidément pas résolu à raccrocher le micro et c’est tant mieux !