Gibson sur l’épaule, Neil Young est un homme en colère. En croisade contre les névroses de la société contemporaine, le frondeur canadien emprunte les routes cabossées de l’Amérique pour donner de la voix à un rock engagé, parfois teinté de folk et de country.
Solide comme un rock, Neil Young est sur tous les fronts. Sa vie est un combat, portant la musique comme un bouclier contre la mort. Il se bat comme un diable, corps et âme, pour que la terre et les êtres respirent. Seulement, une chanson peut-elle vraiment changer le monde ? Il n’est pas dupe, notre ami canadien. Ses compositions ne changeront pas, à elles seules, le cours des choses, pas plus que son éternelle jeunesse rebelle ne rendra la société raisonnable. Mais ce pourvoyeur d’un monde libre garde le cap et compte sur sa poésie aux accents bucoliques pour bousculer les mentalités.
Virtuose à la santé fragile, il rumine ainsi de vieux idéaux, tapant avec force et sans relâche sur ceux qui tirent les ficelles à l’envers. Bush, Trump, Monsanto : personne n’est épargné. Cet écolo au chapeau noir, porteur de messages d’amour et de paix, jongle entre saine colère et joie subtile pour imaginer un avenir désirable. Ses convictions traversent les époques, ses chansons fleuves nagent dans le temps. Avec sa voix haut perchée et son jeu de guitare saturé, Neil Young respire la contestation. Intègre et intransigeant, il ne laisse jamais passer une occasion d’éveiller les consciences, de sculpter ses émotions et de dégainer ses mélodies à faire frissonner l’humanité.
Coup de griffes aux va-t-en-guerre, coup de canif au politiquement correct : l’artiste de Toronto, citoyen de la Terre et amoureux de la Californie, s’aventure un peu partout, du noise rock au rockabilly. Ses coups d’éclat ont fait trembler les charts. Seul ou avec ses copains, Crosby, Stills et Nash, avec qu’il a toujours entretenu une amitié faite de hauts et de bas, Neil Young a agité le globe. Troublante est sa vie, belle est sa musique. Qu’on se le mette en tête : ce poète au caractère bien trempé est un uppercut parfait à la passivité. Son rêve : que le monde se réveille, enfin !
Fils de Scott Young, écrivain de renom, Neil Young a les belles histoires et les grandes révoltes qui coulent dans ses veines de jeune adulte audacieux. Avec son ami Stephen Stills, il fonde alors Buffalo Springfield. En seulement quelques mois d’existence, le groupe marque son époque. La carrière de Neil Young est lancée !
On les présente comme les nouveaux Beatles, tant leur sagesse raisonne dans la tête des hippies du monde libre. Leur révolte apaise les âmes en colère. Avec ses amis Corsby, Stills et Nash, Neil Young se pointe alors devant la foule des grands jours, dégainant avec classe des chansons teintées de convictions fortes et de belles émotions. Woodstock est sous le charme. Ils sont les nouveaux héros d’un peuple !
Ce disque est un monument. Point culminant de sa carrière, Harvest obtient un succès pharaonique, culminant pendant des semaines au sommet des charts américains et britanniques. Le ton est acoustique, la guitare sèche et l’accordéon joue les solistes. Neil Young a frappé fort et touche le graal, décrédibilisant avec élégance les critiques négatives qui s’empresseront de retourner leur veste devant l’enthousiasme du public anglo-saxon.
Plus de vingt ans après ses premières apparitions, Neil Young n’a rien perdu de sa superbe. Avec Freedom, il renoue avec le succès. Son titre Rockin' in the Free World, manifeste pour un monde libre, fait un tabac, alors même que le communisme vit ses dernières heures.
Neil Young n’aime pas regarder en arrière. En tout cas, il ne s’attarde jamais sur son passé, préférant de loin vivre le présent et construire le futur. Pourtant, l’artiste canadien accepte, pour une fois, de se laisser aller à un joyeux flash-back, tant promis. Il publie le premier volume de ses archives musicales. Ses fans sont aux anges !