Dans les années 70, Motörhead fait une entrée fracassante sur la scène heavy metal. Emmené par son leader charismatique, le tonitruant Lemmy Kilmister, le groupe veut jouer vite, veut jouer fort, posant ici et là les bases d’un speed et d’un trash metal survitaminé. Parce que Motörhead, c’est l’esprit du rock, du metal et du punk réuni dans un seul groupe. Ce sont des concerts qui font exploser les tympans et qui resteront dans les oreilles de générations entières.
Son mythique crâne cerclé de cornes en étendard, le succès du groupe tient certainement à sa folie furieuse et à sa rage. Si les albums sont toujours léchés, c’est sur scène que le groupe prend toute son ampleur. Les yeux levés au ciel, son micro pendant au-dessus de lui, la voix aïgue de Lemmy enflamme les foules pour parler du bien et du mal, de drogues, de sexe ou de vie sur la route. A l’origine accompagné de Phil Taylor, démon marteleur à la batterie et d’Eddie Clarke, fracassant ses cordes de guitare jusqu’à la rupture, ils feront leurs armes en France au Bataclan, retournant la salle et faisant monter les décibels comme une machine de guerre.
« If it’s too loud, you’re too old » se plaisait à répéter le groupe qui s’était stabilisé en 1992 autour du guitariste Phil Campbell et du batteur Mikkey Dee. Les grandes heures de gloire de Motörhead se sont écrites dans leur fougueuse et délurée jeunesse. Mais la formation, devenu légende, continue à remplir les salles, emmené par un Lemmy dont les frasques égalaient le talent. Seule la faucheuse les arrêtera définitivement. En 2015, alors qu’une tournée était une nouvelle fois d’actualité, elle stoppe net le chanteur du groupe qui disparaîtra en même temps que sa figure de proue.
Cette année-là, Lemmy Kilmister est arrêté à la frontière canadienne pour possession d’amphétamines. Et dans la foulée, viré de son groupe, Hawkwind. Il décide alors de se mettre aux commandes pour ne plus jamais être laissé au bord de la route. Il fonde Motörhead, le nom du dernier titre enregistré avec son précédent groupe et s’entoure très rapidement de deux musiciens emblématiques : Phil Taylor et Eddie Clarke.
Si les débuts du groupe sont difficiles, 1979 est l’année qui les verra exploser sur les scènes mondiales. Avec leur second album, Overkill, suivi du tonitruant Bomber et de Ace of Spades, ils trustent le haut des charts et font quelques passages remarqués (et bruyants) dans l’émission Top Of The Pops avec les singles Overkill, Bomber ou Louie Louie. La machine infernale est lancée !
En France, Motörhead vit une histoire d’amour assourdissante avec le Bataclan. Passés pour la première fois dans la salle en 1980, ils y reviennent en 1982 pour leur tournée Iron Fist ! Ce soir-là, la foule est aussi déchaînée que le groupe. Les murs tremblent, les décibels explosent et des mois durant, la salle refusera d’accueillir de nouveaux des concerts de metal ! Ce n’est qu’en 1997 que le groupe montera de nouveau sur sa scène, lançant au passage un mythique « We are Motörhead and we’re gonna kick your ass ! ».
Après des années vouées à l’alcool et aux drogues en tout genre (mais jamais d’héroïne, comme il aime à le rappeler), Lemmy est finalement rattrapé par ses excès. En septembre 2015, alors qu’il continue de marteler sa musique devenue classique, il doit interrompre son concert à Austin. Deux mois plus tard, il s’éteindra entouré de ses proches, marquant du même coup la fin d’un groupe qui a marqué de son sceau l’histoire du metal.