Voix boisée, mélodies sensuelles : Melody Gardot, grande dame du jazz contemporain, a vu la mort de près. Alors aujourd’hui, derrière des chansons intimistes et délicates, elle célèbre la vie, sa beauté, ses délices.
Ce jour-là, quand une voiture la percute de plein fouet, Melody Gardot est une jeune femme normale, rien de plus, rien de moins. De ce tragique accident, la battante du New Jersey sortira grandie. La musique s’est emparée d’elle comme un antalgique qui apaise les douleurs. Sa mémoire est à zéro, mais son inspiration elle, prend de la hauteur. Elle doit réapprendre à parler, mais pas à créer. Rien, ô grand jamais, ne sera pareil.
Désormais, Melody Gardot n’est plus une personne ordinaire. Elle entre, avec sa voix de velours et son hypersensibilité, dans la cour des grands, signant au passage sur le label bluenote qui fait référence dans le monde du jazz. Sa musique sort des sentiers battus, flirtant avec une soul douce et envoutante, comme pour souligner ses mots d’or d’un trait argenté. Elle mélange les influences, de Radiohead à Janis Joplin, pour apporter de nouvelles couleurs. Elle traîne même parfois du côté des sonorités brésiliennes, en poussant les portes de la bossa nova. Bref, Melody Gardot ne connaît pas l’interdit, au contraire, elle le convoite.
À la conquête de ses propres émotions, elle libère son vécu, avec lumière et gravité, pour bâtir un univers singulier. Elle nous balade tendrement, avec douce mélancolie, et un brin de spiritualité aux accents bouddhistes. D’ailleurs, sous ses airs de diva à l’élégance certaine, l’artiste américaine, qui est tombée amoureuse de la ville lumière, trouble même les âmes les plus sereines. Elle déploie son charisme et sa sensibilité absolue. Elle affirme un état d’esprit, brut et indomptable, voire même carrément sauvage. Mais surtout, lunettes noires et chevelure blonde, Melody Gardot confirme sa classe incarnée.
Melody Gardot garde les stigmates de son accident. Mais ça ne l’empêche pas d’avancer. Elle sort son premier EP. Les critiques sont excellentes et elle commence à se faire remarquer au niveau local. Rapidement, elle est approchée par des labels prestigieux. Sa carrière commence !
Son premier album est acclamé. Il faut dire que Melody Gardot a des choses à dire, et que sa voix de velours ne laisse personne indifférent. En l’espace de quelques mois, la jeune américaine du New Jersey se fait un nom sur la scène internationale. Le succès ne la quittera plus ! Dans la foulée, en 2009, elle monte pour la première fois sur la scène de l’Olympia. Le début d’une histoire d’amour entre la salle mythique et l’artiste puisque ne voulant plus jouer ailleurs, elle a fêté son vingtième Olympia en 2019.
Séduire au premier regard une chose, confirmer en est une autre. L’exercice est périlleux pour beaucoup d’artistes. Pourtant, avec The Absence, son troisième album, Melody Gardot affirme son style raffiné aux saveurs latines. En collaboration avec le producteur Larry Klein, elle met au point un album de haut-standing, qui restera l’une des pièces maîtresses de sa discographie.
Cinq ans que la diva du jazz se faisait attendre ! Et comme d’autres artistes, le confinement début 2020 lui a offert l’opportunité de prendre du recul pour livrer un véritable bijou. Sur le label Decca Records, elle signe Sunset in the Blue. Une pochette en forme d'œuvre d’art quand tous les musées sont fermés. Des musiques jouées par des musiciens philharmoniques du monde entier alors au chômage forcé. Et des droits reversés à l’association Protège ton soignant. Parce que tout comme son album, Melody Gardot est une ode à l’amour.