Décimé, mais vivant. Lynyrd Skynyrd ne se résigne jamais et met le destin K.O pour continuer à faire raisonner Sweet Home Alabama avec force, partout et pour toujours. Aujourd’hui emmené par Gary Rossington, le groupe poursuit sa longue épopée à travers les rues d’Amérique.
Malgré la malédiction, Lynyrd Skynyrd respire toujours d’un souffle fort et fédérateur. Il se relève de tous les sanglots, panse les plaies d’hier, même les plus profondes, et placarde un sourire sur les visages des amoureux de Southern rock. Il célèbre ainsi la vie et sillonne les pays, comme jamais. Car pour Gary Rossington, seul rescapé d’une aventure collective malheureuse, monter sur scène est un hommage aux âmes disparues, à ses potes d’antan, moteurs d’un groupe décimé par la tragédie de Gillsburg.
Certes, l’insouciance de Lynyrd Skynyrd est morte un jour d’automne 1977, dans un épouvantable crash d’avion dans les forêts du Mississippi, laissant plusieurs de ses membres voler vers l’au-delà. Mais qui n’a jamais cru à la résurrection ? Alors, passé le deuil, le groupe a repris sa marche, quelques années plus tard, toujours à la conquête d’une même esthétique. Les riffs secs et les solos monstrueux portent une voix désormais éraillée et granuleuse. La rythmique, toujours impeccable, réveille comme un café frappé. C’est une évidence : ici s’écrit, toujours en majuscules, une folle aventure sur les routes d’Amérique, où l’asphalte fond sans crainte sous le soleil d’une country chaude et d’un blues exacerbé.
Leur image de gentillets voyous de l’époque s’est estompée. Oui, depuis le drame, Lynyrd Skynyrd est devenu autre chose, sans renier ses racines. Mais, tristement, la mort n’est jamais loin, malgré les mines enjouées de ses membres. Allen Collins, Leon Wilkeson, Hughie Thomasson, Billy Powell : les derniers survivants de la bande ont aussi sorti les ailes pour rejoindre les cieux, laissant Gary Rossington seul, comme gardien d’un héritage insoluble.
Aujourd’hui, c’est donc cette histoire que le groupe vient raconter. Chaque concert est une célébration. Avec fraîcheur et audace, Lynyrd Skynyrd vient ainsi sublimer une discographie aux mille couleurs, devenue une bible pour tous les mélomanes. Et autant le dire tout de suite : Sweet Home Alabama sonne toujours aussi bien !
Créé en 1964, le groupe enchaîne les noms, de My Backyard à One Percent. Ce n’est qu’en 1970 que la bande, déjà bien expérimentée, décide, sur un coup de tête, de porter son nom définitif : Lynyrd Skynyrd. Un clin d’œil moqueur à leur prof de sport, qui les renvoie de cours à la moindre occasion à cause de leurs longues et rebelles tignasses.
Lynyrd Skynyrd aime la provocation. Casser les codes fait partie du voyage. Avec un premier album, que peu de labels voulaient produire, le groupe marque les esprits. Ils deviennent les nouveaux héros du rock à l’américaine, dans les pas des Rolling Stones. L’année suivante, la sortie de Sweet Home Alabama, petit tacle malin à leur ami Neil Young, signe l’apogée de leur carrière.
Ronnie Van Zant avait une intuition : il ne passera pas la trentaine. Il avait malheureusement raison. Le chanteur du groupe décède dans un accident d’avion, tout comme la plupart des membres du groupe. Gary Rossington n’avait pas pris part au voyage : « je ne le sens pas », avait-il dit avant de décoller, préférant privilégier un autre vol. Après le crash, Lynyrd Skynyrd est à l’arrêt. Qui peut imaginer un retour dans ces conditions ?
C’était inattendu, presque inespéré. Pourtant, les survivants de Lynyrd Skynyrd veulent repartir sur les routes pour poursuivre un livre trop vite refermé et rendre hommage à leurs copains d’autrefois. Ils proposent sept titres inédits. Le come-back est réussi, avec un premier album dans les bagages, qui sortira en 1991.
Le temps passe, et Gary Rossington annonce au monde son intention d’organiser l’ultime tournée de Lynyrd Skynyrd. Ce n’est pas l’arrêt définitif du groupe, mais un fort ralentissement qui s’annonce. Pour marquer le coup, le groupe commence un long et beau périple à travers le monde, à la rencontre de ses fans de toujours.