Cheveux longs, regard au loin, sourire discret… On devine très vite que Lulu Gainsbourg est un doux rêveur. Lulu qui a longtemps hésité à assumer pleinement un héritage paternel écrasant a pourtant une personnalité créative hors du commun, qui brise régulièrement les codes de la chanson française.
Une partie de sa jeunesse, il s’est imaginé en cancre. Les attentes du public quand on est le fils d’une légende doivent être paralysantes. Alors il enchaîne les études, le piano à Londres - dont il joue toujours pour accompagner de grands artistes - puis la composition tout en s’ouvrant à un maximum de sonorités « une de mes sources d’inspiration principale a été Michael Jackson. Et progressivement, je me suis ouvert au jazz, au rock... ».
Une connaissance et une oreille musicale qui le font sortir de l’ombre pour un premier album From Gainsbourg to Lulu. On entend déjà derrière les notes tendres de son piano toute la délicatesse et la musicalité d’un artiste prêt à prendre de l’ampleur.
Il faudra attendre encore quelques années pour que ce grand sensible sorte complètement de sa coquille avec des titres originaux. Et son public n’attendait que ça. Loin de son piano, sur des beats électro qui appellent tantôt à la sensualité, tantôt à la mélancolie, le chanteur, voix dansante ou suave, profonde et grave, explore les sonorités et se livre dans des textes touchants empreints de sa réalité. Celui qui est encore en train de « faire son chemin » explore avec grâce et finesse le monde de l’électro, apportant à la scène française des harmonies encore jamais entendues.
Lulu Gainsbourg est quasiment né sur scène. A deux ans seulement, son père le fait monter à ses côtés au Zénith de Paris, rien de moins, pour l’introduction de son titre Hey Man Amen. Quand on est tombé dans la musique si petit, forcément, on y reste. Le jeune Lucien commence le piano à cinq ans et entre au conservatoire de Paris à huit. La suite sera faite de prestigieuses universités parmi lesquelles le Berklee College of Music et d’apparitions au piano, souvent pour reprendre les compositions de son père.
A 25 ans, l’artiste fait le pari osé de dépoussiérer les édifices sonores qu’a bâti Serge. From Gainsbourg to Lulu ne fait pas dans la demi-mesure puisqu’on retrouve sur l’album Vanessa Paradis, Johnny Depp, Rufus Wainwright ou encore M et la sublime Scarlett Johansson. Cela donne un hommage vibrant et, comme il le dit si bien, un « cadeau à mon père pour pouvoir me lancer à mon tour ».
Chose promise, chose due, dix ans plus tard Lulu Gainsbourg s’affranchit de son nom sans le renier dans un nouvel album, Replay, où il pose sa voix envoûtante sur une électro au beat ravageur. Cette fois, il prend à contrepied la chanson française, propose quelque chose de nouveau et impose sa sensibilité qui s’exprime aussi au travers de l’écriture de sa femme, Lilou. C’est elle qui pose les mots justes sur les émotions de cet opus en forme d’histoire, souvent narrée plus que chantée.