Repérée par le Dieu de la pop et du funk en personne, Prince disait d’elle « sa voix peut faire fondre la neige ». Quelques mois avant sa disparition, la légende ne savait pas encore que Kandace Springs irait même jusqu’à faire fondre la glace. Et chavirer les cœurs, notamment celui d’un autre chanteur qui l’a prise sous son aile, Lenny Kravitz, dont elle assure régulièrement les premières parties.
Avec sa voix suave, légèrement voilée mais toujours intense, elle joue tout en finesse et en élégance. Chacun de ses souffles ou de ses éclats, chacune de ses retenues ont l’intelligence de l’émotion pure. Pas de doute, il y a quelque chose de la sensuelle Diana Krall en elle, mais aussi un soupçon de Norah Jones, qu’elle écoutait enfant. Car Kandace Springs a été baignée dans le jazz depuis sa naissance. Entre un père chanteur de session et une mère pianiste, on pourrait presque dire qu’elle a été élevée aux côtés d’artistes comme Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Nina Simone ou Roberta Flack.
Et si elle s’inspire, vous ne l’entendrez jamais imiter ! Avec la fougue de sa jeunesse, elle ne veut entrer dans aucun moule, aucun style, aucune convention. Passée par le RnB et le hip-hop, elle bifurque finalement vers le jazz et la soul, pour « leur vérité brute ». Et comme son idole Nina Simone, elle refuse de se laisser enfermer, disant à propos de cette dernière : « si elle avait à sa disposition la technique d’aujourd’hui, personne ne serait en mesure de lui dicter sa conduite et de l’enfermer dans un genre ». Comme elle, elle trace donc sa route, assimilant mille influences et se baladant entre la soul, le jazz et la pop.
A seulement 30 ans, on lui sent déjà l’âme d’une artiste assez mature pour s’affranchir des codes qu’on voudrait lui imposer. Et si elle est capable, sur son dernier album, de reprendre les classiques des grandes voix qui l’ont précédée, c’est qu’elle est en train d’entrer, elle aussi, dans le club très select des divas du jazz.
Kandace Springs publie en ligne une reprise de Stay With Me, le tube de Sam Smith, sans se douter un instant que cette vidéo changera sa vie à tout jamais. Car en l’entendant, Prince sait qu’il tient entre ses mains un prodige et l’invite à se produire à ses côtés lors d’un concert donné à Praisley Park pour le 30ème anniversaire de la sortie de son album Purple Rain. La carrière de l'artiste est lancée !
La jeune chanteuse signe son premier album chez Blue Note Records. Si on sent ses influences sur Soul Eyes, elle donne naissance à des vibrations dont elle seule a le secret. En travaillant avec Larry Klein, producteur de Melody Gardot et Herbie Hancock, elle ne s’est pas trompée et livre un album jazzy, délicat et parfaitement mélodieux. Deux ans plus tard, elle confirme son talent avec Indigo, dont le point d’orgue émotionnel est certainement Simple Things, en duo avec son père Scat.
Avec The Women who Raised Me, son troisième album, l’artiste affirme son style et montre qu’elle poursuit son propre chemin. Elle n’hésite pas à se placer à la droite des chanteuses qu’elle admire pour reprendre avec élégance et sans mimétisme leurs plus grands titres. Et sur Angel Eyes, qu’elle partage avec Norah Jones, les voix et les sentiments s’emmêlent avec une douceur qu’on voudrait retenir pour toujours.