À lui seul, John Mayall incarne un chapitre entier, sûrement le plus beau, dans l’épais livre du blues. Car s’il est l’homme qui a permis à Éric Clapton de s’émanciper, il est surtout celui qui a conquis le monde avec son énergie à l’anglaise et son harmonica qui ravive les cœurs.
Comment parler du blues sans évoquer John Mayall ? Autodidacte surdoué, le guitariste anglais, révélé dans les sixties avec les Bluesbreakers, a écrit aux lettres d’or un beau chapitre de la musique contemporaine. La classe est son reflet, la sobriété élégante, son identité. Incarnation de sonorités intemporelles, le Godfather anglais a passé sa vie à inspirer l’air électrique de Chicago pour souffler sur les braises d’un blues européen puissant.
Car John Mayall est le genre d’homme à se balader sans crainte dans les streets du Mississipi. Sans discussion, il est ainsi à l’Outre-Manche ce que BB.King est à l’Outre-Atlantique. Il s’envole du bout des cordes, respire la vie dans l’harmonica et poursuit la grâce avec une voix profonde.
Alors, pour nous permettre d’inspirer encore un peu ce bon vent de good mood, la légende John Mayall, que beaucoup hissent au même rang qu’un John Lee Hooker, poursuit sa folle aventure en terres résolument blues. Parce qu’aujourd’hui encore, malgré les rides apparentes, le songwriter surprend toujours. Il semble comme habité par une mission divine : créer des émotions simples et sincères, capables de bousculer les esprits. C’est ça, une légende !
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’il est très tôt devenu le maître attitré d’élèves modèles comme Eric Clapton ou Peter Green, qu’il a pris sous son aile pour les aider à faire éclore leur propre vision du monde. Donc oui, quand les lumières s’allumeront, un grand bonhomme des temps modernes se hissera devant vous ! Il commencera d’ailleurs sûrement par vous dire sa phrase fétiche, avec sa voix grave : « nous ne sommes là que pour le blues, et le blues est bon pour vous ! ».
Graphiste de formation, John Mayall plaque tout pour former The Bluesbreakers, sous l’incitation d’Alexis Korner, qu’il rencontre quelques mois plus tôt. Terreau fertile, le groupe verra pousser de nombreux talents, dont le bassiste Jack Bruce, les guitaristes Éric Clapton et Peter Green, ainsi que Mick Taylor. Il faut dire que le capitaine a de l’imagination à revendre !
Pour la première fois, John Mayall sort de l’ombre et se fait connaître du grand public avec le disque Blues Breakers with Eric Clapton qui atteindra le sixième rang des charts. À mesure que le temps passe, on se rend compte à quel point c’est un album fondateur du blues britannique. Quelques mois plus tard, Éric Clapton et Jack Bruce quittent l’aventure pour lancer leur propre projet, avec le succès que l’on connaît.
En quelques années, John Mayall est devenu une figure incontournable du blues européen, allant jusqu’à être élu artiste de l’année par la presse britannique. Il faut dire que ses derniers albums, composés avec l’appui de Peter Green, atteignent les sommets sur le plan artistique. Certains diront même qu’il s’agit de ses meilleures années. D’autant que, quelques mois plus tard, le single Room To Move sera un vrai succès populaire, permettant à John Mayall d’obtenir un disque d’or bien mérité.
John Mayall poursuit sa belle épopée sur les terres heureuses du blues. À l’occasion du retour des Bluesbreakers, l’artiste anglais réunit Coco Montoya, Albert Collins et Walter Trout pour des magnifiques albums qui feront date dans sa carrière et deviendront des piliers de sa discographie. Parmi eux : Chicago Line (1987).
John Mayall semble ne jamais vieillir, tant ses albums paraissent toujours aussi créatifs et surprenants. En témoignent l’album Stories qui, en seulement quelques jours, s’imposera comme l’un des albums de blues de référence du début de millénaire. Les critiques sont aux anges, encore une fois, devant cette légende qui souffle l’air pur du Mississipi sur des terres anglaises résolument rock.