Joan Baez s’est toujours battue. Avec pour seule arme une guitare sèche, la reine du folk se fait ainsi la porte-parole, depuis les sixties, de la tolérance, de la paix et de l’amour entre les peuples. Ses combats subliment sa musique, ses convictions surplombent ses textes.
Il existe un millier de raisons d’aimer Joan Baez. Combattante pacifique aux convictions incorruptibles, la reine de Woodstock est une grande dame. Par sa musique, elle a bercé des générations d’idéalistes, punché un monde pollué d’injustices et mis dans les cordes un racisme à la constance malheureuse. Qu’importe son âge, l’activiste à la voix fragile, sobre et émouvante se lève toujours avec force, là, seule sur scène, guitare à la main. Bob Dylan est son miroir masculin, Martin Luther King, son compagnon de bataille.
À chaque fois, Joan Baez monte sur le ring avec poésie, enchaînant les chansons comme des rounds, pour mettre à terre ses pires ennemis : la guerre, les persécutions et les discriminations. Sa simplicité est touchante, son honnêteté bluffante. Son chant, habité par ses espérances d’un monde digne, conte ainsi une vie à épisodes multiples, ponctuée par une révolte sans révolution, une rage sans violence, des ballades sans douceur mielleuse.
Exigeante jusqu’au bout des doigts, la madone des pauvres gens incarne parfaitement ce qu’elle pense. Son éthique, sa guitare et sa voix cristalline : Joan Baez n’a pas besoin de plus pour envoûter la scène et faire briller de mille feux les yeux de ses admirateurs. Ici et ailleurs, son esprit de résistance nous inspire, ses hymnes nous transcendent. La songwriter de New York, icône de la protest song, est une insoumise remplie d’amour propre, gardienne solide d’une humanité fragile. Chapeau Madame !
Dans le Rhode Island, Joan Baez fait ses armes aux côtés de Bob Gibson. Cette première collaboration, où sa voix à la fragilité émouvante séduit, lui permet de se faire remarquer par Vanguard Records, un label américain, connu depuis pour avoir accompagné des figures du jazz et du folk. Elle sortira son premier album l’année suivante, avec un succès immédiat.
C’est l’événement qui a permis de changer les mentalités aux États-Unis : la marche de Selma. Ce jour-là, Joan Baez accompagne son ami, Martin Luther King, dans un élan naturel. Sa présence traduira une lutte longue et déterminée pour mettre un terme aux discriminations subies par la communauté afro-américaine. Deux ans plus tard, elle s’engagera de nouveau contre une guerre qui la révolte : celle du Vietnam. Cet engagement sans faille lui vaudra quelques ennuis avec la justice de son pays, mais ses convictions, inaltérables, ne craignent pas les menaces.
Cette année-là, Joan Baez fait un pas de côté pour flirter avec des sonorités plus pop sur l’album Diamonds and Rust. Ce sera son plus grand succès commercial, le single du même nom atteignant le top 10 des singles. Un succès qui ne lui fera pas oublier ses engagements et les années suivantes la verront intervenir lors de nombreux concerts de solidarité comme le Live Aid en 1985 ou les tournée d’Amnesty International A Conspiracy of Hope et Human Rights Now !
Elle s’est levée contre les dictatures chinoises et brésiliennes, elle a contribué à la révolution pacifiste en République Tchèque. Joan Baez est devenue une icône de la protest song au niveau mondial. Cette fois-ci, la chanteuse de New York proteste activement contre la guerre en Irak. Quatre ans plus tard, son combat musical sera reconnu avec un Grammy Awards qui récompense l’ensemble de sa carrière.
En juin 2018, la diva du folk est de passage à l’Olympia de Paris pour dix soirées qui se joueront toutes à guichets fermés. Un triomphe pour celle qui a influencé le monde de la musique et a contribué, partout à travers le monde, à faire évoluer les mœurs. Pour remercier son public français, elle reviendra en février 2019 pour cinq nouvelles représentations exceptionnelles.