Difficile de trouver sur la scène jazzy un esprit aussi libre que celui d’Herbie Hancock. Pianiste prodige, expérimentateur de génie, musicien de l’universel, les qualificatifs ne manquent pas pour ce grand monsieur du jazz. Ou de la musique, tout simplement ! Par chance, ses mains étaient trop petites pour faire carrière dans le baseball, son premier choix. Heureusement, elles sont toujours parfaites pour courir sur un piano, faisant virevolter les touches, accélérant les rythmes et inventant sans faire de pause des sonorités à faire pâlir Miles Davis lui-même !
Encore aujourd’hui, ses tubes ne laissent personne indifférent. Et on peut parfois se demander de quel esprit sortent ces sons expérimentaux, à la limite de la connaissance musicale. Car presque chaque décennie aura été marquée par un OVNI signé Herbie Hancock. Depuis le Watermelon man de ses débuts à RockIt et son clip aussi loufoque que le titre est révolutionnaire. Comme si la musique classique et les genres existants ne lui suffisaient pas, le maestro du jazz s’est mis en tête d’inventer ses propres univers sonores pour nous faire voyager à travers les styles. Comme il le dit si bien « Ma manière d’être constant est de changer constamment ».
Qu’importe si certains puristes grincent des dents, il a l’habitude ! Déjà dans sa jeunesse, il prenait le contre-pied de sa formation classique pour se lancer dans l’impro. Et depuis, personne n’a su contrarier cet esprit libre au succès détonnant. Il jongle pourtant sur un fil ténu, touchant à tout et tirant à chaque fois le meilleur, que ce soit de la pop, du funk, du rock ou même du grunge pour le lier au jazz dans un équilibre subtil et toujours dans l’ère du temps. Une fusion des styles qui hissera cet insatiable novateur sur des sommets, dont à 80 ans passés, il n’est pas près de redescendre.
Dès son premier album, Herbie Hancock fait mouche ! Son titre, Watermelon Man, qui offrira un hit à Mongo Santamaria, fait déjà transparaître ses influences et sa singularité créative. En s’inspirant du chant d’un vendeur de pastèques et du bruit de sa carriole, il donne naissance à un grand tube du jazz et est repéré au passage par une de ses légendes : Miles Davis, qui l’invite immédiatement à rejoindre son nouveau quintet !
Herbie Hancock passera 6 ans aux côtés de Miles Davis, sortant en parallèle plusieurs albums expérimentaux qui l’aideront à forger sa réputation et à explorer des tonalités inconnues. Mais c’est en 1973 qu’il revient en force avec Headhunters, une musique plus accessible, fraîche et énergique qui inspirera pour de longues années des artistes dans des domaines aussi variés que le jazz, la soul, le hip-hop ou le funk.
Un robot qui fait du breakdance, quelques marionnettes tout droit sorties de films d’horreur et du scratch en toile de fond pour la première fois dans une composition grand public. C’est avec RockIt que le talentueux artiste entame les années 80, son clip remportant cinq récompenses aux MTV Video Music Awards. C’est le premier morceau d’une longue série dans laquelle Hancock se permettra toutes les folies en explorant la musique électronique.
La fin des années 90 et les années 2000 seront autant marquées par la créativité que par l’engagement du jazzman. Fondateur de plusieurs associations, il met désormais ses revendications en musique en produisant en 1997, l’album 1+1, sur lequel figure la chanson Aung San Suu Kyi, qui remportera un Grammy Awards. En 2010, il produira The Imagine Project, album-hommage à John Lennon et œuvre prônant la paix dans le monde. Dans la foulée, il sera nommé ambassadeur de bonne volonté de l’UNESCO.