S’ils ont souffert des comparaisons au début de leur carrière, après presque trois décennies de metal enflammé, plus personne n’oserait mettre en cause l’originalité de Godsmack. Au fil des années, ils ont propulsé leurs sons uniques au sommet des charts. Riffs dévastateurs, rythmiques tribales sous amphétamine, voix gutturale, imageries mystiques et sens innée de la mélodie, de l’incontournable Voodoo à Surrender, l’un de leurs derniers tubes, leurs morceaux sont reconnaissables entre mille.
Il faut dire que rien n’est venu entraver l’énergie créative de ce groupe venu tout droit du Massachusetts. Pas de rivalité, pas de déchirement ou de polémique. Entre les quatre musiciens, le charismatique Sully Erna au chant, Tony Rombola aux solos épiques, Robbie Merill aux lignes de basse tonitruantes et Shannon Larkin qui manie les baguettes à la vitesse du son, l’entente est parfaite. Depuis plus de 20 ans, le quatuor n’a pas changé et c’est certainement cette stabilité quasi impensable pour un groupe de metal qui contribue au succès de leurs titres en forme d’hymnes, repris par un public d’avertis, comme d’amateurs aux quatre coins du globe.
Parce que Godsmack, ce sont plus de 20 millions d’albums vendus, des attentes énormes à chaque nouvelle sortie et des disques de platine à ne plus savoir compter. Pas mal pour un groupe de metal qui traverse les décennies sans sourciller, se renouvelant sans se répéter, lorgnant souvent du côté du hard-rock pour livrer ce mix énergique et sombre dont ils détiennent la recette secrète.
Et puisqu’on parle de secret, Godsmack en a un autre, qui explique peut-être pourquoi le temps ne semble pas avoir de prise sur ses membres. Son énergie, son unité, il le tire de la scène, du public avec lequel il communie à l’unisson à chaque nouvelle apparition. D’ailleurs, le groupe a choisi de quitter définitivement les studios pour s’y consacrer à plein temps. Comme ils l’avouent « nous avons toujours eu l'impression que faire des disques était plus une corvée. Ce que nous aimons vraiment dans cette vie, c’est jouer en live ! ».
Boston n’est pas vraiment connu pour être l’épicentre du metal mais peu importe. C’est dans sa banlieue que les membres de Godsmack se rencontrent et décident de prendre un nom qui évoque en réalité un bouton de fièvre comme punition divine. Voilà pour la légende alambiquée ! Pour le reste, la formation est déjà soudée, il ne manque plus que Shannon Larkin qui débarque quatre ans plus tard pour donner sa forme finale au groupe. Mais même sans lui, le premier album éponyme tabasse les oreilles des critiques comme le cœur des headbangers et met déjà tout le monde d’accord. Avec ses rythmes tribaux, AllMusic salue ceux qui ont « amené le metal dans l’ère du temps ».
Si le premier album de Godsmack s’était hissé à la 22ème place du Billboard 200, leur deuxième opus, Awake, finit d’embarquer les foules et se classe numéro 5 dès sa sortie avant d’atteindre la première place. Le titre éponyme réveille tous les metalleux grâce à la voix rauque de Sully Erna qui a définitivement pris la bonne décision en arrêtant la batterie pour se mettre au chant. La planète découvre ce nouveau groupe sur lequel il faudra désormais compter pour lancer les meilleurs circle pits dans les festivals du monde entier. Et si les concerts s’enchaînent avec une énergie dantesque, les albums, eux, ne lâcheront plus les sommets des charts. Faceless en 2003, IV en 2006 ou The Oracle en 2010, le succès de Godsmack ne retombera jamais.
Cette année-là, le groupe sort son sixième album, 1000hp qui, sans grande surprise, se classe au sommet du classement Billboard. Parce qu’en 15 ans, Godsmack est passé de petit nouveau à taulier du monde du metal. On ne compte plus le nombre de concerts, ni celui de festivals où les rockeurs en tout genre ont pogoté, transcendés par l’énergie démesurée du groupe. Une popularité que veut récompenser le maire de Boston qui, pour mettre en avant les enfants terribles de son état, décrète le 6 août, Godsmack Day ! Et ainsi, le quatuor devient presque une institution.
Il y a des groupes qui sortent presque un album par an, mais ça n’a jamais été le cas de Godsmack. Eux sont clairement plus à l’aise en live, partageant leur rage et leurs états d'âme avec leurs fans, plutôt que derrière les tables de mixage des studios. Alors c’est décidé, Lighting Up the Sky sera leur dernier album. Un opus émouvant, qu’Erna décrit comme « notre putain de meilleur travail de tous les temps ». Et si le groupe quitte les salles d'enregistrement, c’est pour se consacrer entièrement à la scène. Pas d’inquiétude donc, l’énergie contagieuse de Godsmack continue de rayonner.