Avec sa voix suave, la main sur le cœur, il sait nous chuchoter les plus belles mélodies. Lui, c’est Elvis Costello, bien sûr. Le chanteur anglais, prolifique et touche-à-tout, a toujours su trouver les mots justes pour naviguer avec classe entre les vagues de la pop, de la new wave et d’un rock qui sent la rose.
Rockeur éclectique, Elvis Costello, ami des Pogues et de Paul McCartney, n’a pas que le prénom d’un King. Il a aussi une part immense du talent requis pour assumer cette distinction. Car derrière sa Fender, ce vagabond audacieux a cette incroyable faculté à toujours marcher sur le fil. Ainsi, éduqué à la sauce jazzy, par un père leader de Joe Loss Orchestra, il a toujours réussi à jongler entre les étiquettes. Personne d’autre ne lui ressemble, car ce gars-là est unique.
Il a le goût du paradoxe et de la provocation subtile, siffle des airs qui sentent bon l’élégance à l’anglaise et poursuit les sommets avec une écriture instinctive, et toujours sincère. Elvis Costello, lunettes carrées sur le nez et chapeau noir en devanture, a bâti sa carrière en façonnant une classe qu’il incarne sans forcer. Il est ainsi bien loin de sa virée de jeunesse sur les vagues ardues du punk. Ici, la douceur a repris le dessus, préférant la délicatesse d’esprit au vacarme assourdissant des guitares.
Aujourd’hui encore, Elvis Costello, exilé aux États-Unis, pousse la magie jusqu’à son paroxysme. C’est un peu comme si vieillir était une manière de devenir toujours plus grand, plus charmant, plus exaltant. D’un côté, avec des idoles comme Robert Wyatt, Roy Orbison ou Roger McGuinn, on ne pouvait s’attendre à rien d’autre que de voir ce virtuose anglais, passionné d’art et de lettres, devenir le parfait miroir de la grâce.
Son premier album aux nuances punk, intitulé My Aim Is True, connaît un petit succès au Royaume-Uni, mais pas suffisamment pour marquer les esprits pour de bon. Alors, avec ses énormes lunettes, l’artiste britannique sait qu’il va encore devoir bûcher un temps avant de définitivement sortir du lot. C’est donc là qu’il fait la rencontre de Steve Nieve et de Pete Thomas, deux hommes qui l’accompagneront pendant longtemps.
Avec ses albums suivants, dont Armed Forces et Get Happy!, Elvis Costello affirme sa stature pour de bon. Avec The Attractions, il réussit alors le tour de force d’imposer son style en Angleterre et aux États-Unis. Puis, en 1981, il décide de conquérir des terres plus pop, avec l’excellent disque Trust.
Collaborer avec les plus grands fait forcément de vous un grand. Alors quand Elvis Costello entre en studio avec Paul McCartney, on se rend à l’évidence : un trésor va sortir de là. Et ça ne manque, puisque le single Veronica est un véritable tube. Quelques années après s’être séparé de The Attractions, il est donc, plus que jamais, en haut de l’affiche.
Près de trente ans après le début de sa carrière, Elvis Costello est dans une décennie très prolifique, avec sept albums en moins de sept ans. Et cette année-là, le disque Secret, Profane and Sugarcane reçoit un magnifique accueil de la part des critiques. On notera d’ailleurs la très belle pochette dessinée par l'artiste de comics Tony Millionaire.