Flamboyant dépositaire du hard-rock, Deep Purple est un boucan d’enfer aux mélodies électrifiées et aux 130 millions d’albums vendus dans le monde. Pas de doute : si les cheveux ont viré au gris, comme le reflet du temps qui file, le groupe britannique n’a rien perdu de sa superbe, laissant toujours parler sa fougue indéfectible.
Que serait le monde d’aujourd’hui sans Deep Purple ? Allure dissidente, cheveux longs ondulés et sueur viril sur le visage : ces grands enfants du comté d’Hertfordshire, petit coin de paradis tranquille en marge de la capitale anglaise, bousculent les époques par leurs mélodies rebelles. Oui, avec force et désinvolture, ces virtuoses britanniques se sont imposés comme les architectes féroces du hard-rock.
Car avant Deep Purple, le vide avait fait son coup d’état. Jimi Hendrix, Jim Morrison et Janis Joplin venaient de prendre leur envol pour un paradis perdu. Le monde pleurait déjà les Beatles et seuls quelques vestiges de cet âge d’or résistaient fragilement. Mélancolie ambiante : les amoureux de rock’n’roll sanglotaient à chaudes larmes dans une jungle créative subitement dépeuplée. Mais c’était sans compter sur la tornade Deep Purple pour remettre les choses en place.
À force de souffler sur les braises déclinantes d’un passé faste, ces dignes héritiers de Led Zeppelin et des Yardbirds, dévalant la scène comme des électrons fous, ont effectivement mis sur orbite une autre manière de concevoir le vacarme ambiant, dépoussiérant avec génie les grandes heures des sixties. Solos enragés, rythmique en furie, voix tonitruante : le monde restait figé devant cette explosion de nonchalance et d’énergie brute, mélange extatique de rock psychédélique et de musique classique.
Depuis, la foudre ne quitte plus la scène. Au son de la Fender Stratocaster de Ritchie Blackmore puis des riffs de Steve Morse, sous les notes de l’orgue Hammond de feu Jon Lord, au rythme de la batterie et de la basse des piliers Ian Paice et Roger Glover. Mais surtout sur le chant jamais égalé de Ian Gillan, membre mais aussi producteur avec son comparse Glover, de ce groupe légendaire. Il faut le dire : Deep Purple, saga ponctuée de hauts, de bas et de coups d’éclat, où les complicités se font et se défont, incarne désormais bien plus qu’une époque. Il sont, ad vitam æternam, un bruyant appel à se défouler sans arrière-pensée.
À l’aube des seventies, Ritchie Blackmore et Jon Lord donnent naissance à Deep Purple. Inspiré par l’univers psychédélique de Led Zeppelin et enclin à apporter un nouveau souffle au rock, le groupe, pourtant encore peu populaire sur les terres britanniques, connaît rapidement ses premiers succès aux États-Unis.
Alors que le monde du rock vient de perdre, en quelques mois, plusieurs grandes figures, Deep Purple redonne du baume au cœur aux amoureux de bonne musique, avec un quatrième album tonitruant. Le titre Hard Lovin’ Man sera rapidement considéré comme la première chanson de speed metal, bien avant l’apparition de Motörhead et de Metallica.
C’est le carton plein ! Avec Smoke on The Water, présent sur le disque Machine Head et inspiré par un incendie à Montreux, Deep Purple n’a besoin que de sept notes pour électriser les cœurs du monde entier. Pourtant, ce titre, en face B, n’avait pas vocation à se retrouver en haut des charts : il aura fallu plus d’un an pour que le morceau sorte du rang, propulsé par l’intuition tardive de Warner Bros Records. Dans la foulée, Deep Purple sort l’un des plus grands albums live de tous les temps : le mythique Made in Japan !
Blackmore claque la porte. C’est le début d’un long feuilleton, fait de ruptures, de réconciliations et de rebondissements. Car Deep Purple a aussi bâti sa légende sur ces tensions perpétuelles, cause de multiples reformations et changements de line-up. Paradoxalement, c’est peut-être ce qui a permis au groupe de se réinventer et de ne jamais s’ennuyer en plus d’un demi-siècle.
Deep Purple entre au panthéon de la musique contemporaine, avec une intronisation en fanfare au Rock And Roll Hall Of Fame. Les virtuoses britanniques rejoignent les plus grands, là, entre les Beatles, Bob Dylan et David Bowie.
« On lève le pied mais la musique reste notre moteur ». C’est avec ces mots que Deep Purple entame sa tournée d’adieu, intitulée Long Goodbye Tour. Pourtant, cette série de concerts qui passe par en France par Musilac, Pause Guitare ou encore l’American Tours Festival, n’est pas un au revoir définitif. Car aucun des membres actuels de Deep Purple n’a l’intention de tirer un trait indélébile sur cette fabuleuse aventure. Pour preuve, le groupe est déjà programmé à l’affiche du HellFest 2021 !