Ils prennent le fun très au sérieux. Enfants prodiges de la scène underground de New York, les exaltés de Blondie ont marqué leur temps, naviguant en freestyle dans des eaux aux couleurs multiples. Ils ont survitaminé la new wave, brigué le hip-hop et enflammé les dancefloors : bref, des gens à part !
Blonde platine comme la lune, Debbie Harry est le soleil d’une époque d’insouciance, de liberté rebelle et d’expérimentations en tout genre. Avec ses boys, dont son ex-mari Chris Stein, la sex-symbol, meneuse d’une révolution à la sauce Girl Power, a toujours su jouer de sa voix séduisante et affirmée pour abolir les frontières de l’art. Dans la folie des seventies, alors que New-York était en pleine ébullition, se dandinaient ainsi au rythme de ses pas suaves les amoureux de la pop et les jeunes adultes en quête de folie douce.
Si le groupe a conquis le monde, c’est surtout pour son audace, sa créativité hors des clous et sa fougue chaleureuse. Chaque single est un tube, chaque tube est un hymne, summum de la coolitude. Blondie a le fun dans les tripes, et ça s’entend, comme un antidote à la morosité. Aujourd’hui encore, ces petits bolides américains au tempérament de feu gardent le moteur de leur jeunesse : une énergie débordante et des sonorités pleines de fraîcheur qui donnent du fil à retordre aux nouvelles générations.
Succinct est leur secret, qu’ils ne cachent en rien. « La vraie signature de Blondie est d'attraper un style qui ne nous est pas familier, et de l'emmener chez nous, dans une interprétation rock ». Ils ont ainsi épousé la disco, dragué le reggae et, bien au-dessus de tout, contribué activement à la percée du hip-hop en Amérique, avec l’excellent single Rapture, dont le clip, chouchouté par la chaîne MTV, laisse apparaître le visage d’un disc-jockey peu ordinaire : Jean-Michel Basquiat. Car s’ils ont grandi dans le terreau de l’underground, leur plus bel exploit est peut-être celui-ci : avoir rapproché le punk des clubs blancs de Manhattan et le rap des quartiers noirs de leur ville chérie.
Dans le bain de l’underground new-yorkais nait un jeune groupe qui bientôt va faire trembler les murs des clubs du monde libre : Blondie. À sa tête : Debbie Harry, jeune blonde irrésistible née à Miami, qui fantasme que Marilyn Monroe est sa mère et qui n’envisage l’avenir qu’à travers la scène. Très tôt, elle se produira au CBGB et au Max’s Kansas City, où elle était serveuse quelques mois plus tôt.
Pourquoi attendre plus longtemps quand le succès frappe à la porte ? En seulement quelques mois, Blondie fait déjà un carton à New-York et tape dans l’œil de David Bowie et d’Iggy Pop. Mais c’est surtout le single Heart of Glass, extrait du mythique album Parallel Lines et bande originale du film La nuit nous appartient qui permettra au groupe de voir sa notoriété prendre le large. Le monde est sous le charme !
C’est une surprise : Blondie est le premier groupe à réellement placer le hip-hop sur orbite, avec le single Rapture et son clip diffusé en boucle sur la chaîne MTV et dans lequel apparaissent Lee Quinones, Fab Five Freddy et Jean-Michel Basquiat. Pour la première fois, les téléspectateurs découvrent une manière catchy de chanter, reflet d’un rap tout droit emprunté aux jeunes plumes du Bronx. Le titre restera des semaines au sommet des charts américains !
Au sommet de sa gloire, et ce malgré un dernier album moins bien reçu par la critique, Blondie jette l’éponge. Les tensions internes et les problèmes financiers du groupe sont trop forts. Les années qui suivent seront douloureuses, et la maladie auto-immune de Chris Stein, partenaire de scène et mari de Debbie Harry, n’arrangera rien.
Après quinze ans d’absence, le groupe reprend la route pour une tournée internationale. Les américains profitent même de leurs retrouvailles pour enregistrer un nouvel album, No Exit. Et devinez quoi ? Avec l’excellent single Maria, le disque est un succès. Blondie est toujours bel et bien en vie, comme à l’époque ! La machine redémarre.
Si certains groupes se perdent au fil du temps, Blondie n’a rien oublié de son énergie fédératrice et de ses tubes intrépides. Le groupe le prouve une nouvelle fois avec le chef d’œuvre Pollinator, auquel participeront ni plus ni moins que David Sitek, Charli XCX et Dev Hynes. Certes, le disque ne connaît pas la folie des charts, mais les grands enfants de New-York ont démontré qu’ils en avaient encore sous le capot.