Sourire charmeur, élégance absolue : toujours bien sapé, Al Green pose les contours d’une escapade heureuse au pays de la soul. Avec sagesse et audace, l’enfant de Forrest City, homme de cœur à la vie mouvementée, romance une Amérique bercée par les sonorités de la communauté afro.
Digne héritier de Ray Charles et de Sam Cooke, Al Green a son siège réservé à la table des rois de la soul. L’âme remplie d’amour et d’espoir, le pasteur de Memphis, né au beau milieu de l'Arkansas, porte effectivement en lui les chapitres les plus importants de la culture afro-américaine. Pourtant, rien n’a été simple. Sa vie perturbée – peut-on même dire brisée - par des malheurs familiaux, le génie américain a connu le pire quand tout le monde lui prédisait le meilleur.
Alors, il a tout plaqué, laissant derrière lui ses succès d’autrefois pour se concentrer sur une quête spirituelle, clé de son apaisement. Il a fui la lumière et les paillettes pour cicatriser ses plaies intérieures. Mais le temps et les prières ont fait leur œuvre, comme des antidotes. Aujourd’hui de retour, Al Green, en paix avec le passé, reprend donc ses classiques, dans une soul introspective, profondément inspirée par l’allégresse du gospel.
Sa sérénité nous apaise, sa grâce nous séduit. Partout où il passe, cet homme de scène, au charme éternellement ravageur, honore ainsi avec romance les amoureux d’une musique hors du temps et ô combien élégante. Il est l’incarnation naturelle de la classe absolue. Et l’on peut même dire qu’il devient, au fil de ses apparitions, la preuve vivante et indéfectible que la voix et le charisme ne meurent jamais.
Si ses débuts sont timides, l’enfant de l'Arkansas, fils de métayer, ne tarde pas à se faire un nom sur la scène américaine. Sur l’excellent disque Al Green gets next to you, les premiers tubes apparaissent, avant de laisser place, l’année suivante, à l’album Let's Stay Together. C’est un succès planétaire : Al Green entre dans la cour des grands, et par la grande porte !
Le 18 octobre, la vie d’Al Green, alors au sommet de sa gloire, bascule. Sa femme l’agresse en lui versant de l’eau bouillante sur le corps, puis se donne la mort. C’est un tournant dans la carrière de l’artiste : il devient alors pasteur et se plonge dans le gospel pour se relever de ce douloureux épisode. Il met sa carrière entre parenthèses, subitement. C’est un choc pour tous les amoureux de soul !
Après une quinzaine d’années à inspirer l’air pur du gospel, Al Green renoue enfin avec la soul de ses débuts. Il ose même innover, jusqu’à inclure de tendres nuances de RnB par-ci, par-là. Ce retour lui permettra d’obtenir, en 2002, un Grammy Awards qui récompensera l’ensemble de sa carrière. Ses fans d’autrefois sont aux anges : le maître is back, et ne semble pas prêt de repartir.
Al Green présente Lay It Down, nouveau venu dans une discographie longue comme les cinq doigts de six mains, dont les featurings avec John Legend et Anthony Hamilton sont des points d’orgue. Pour l’occasion, le songwriter américain reçoit l’acclamation unanime de la critique et se hisse même à la neuvième place des charts. Son inspiration est intacte : le disque séduit les amoureux de soul, et bien au-delà. Oui, Al Green a encore des milliers de belles choses à nous faire écouter.